Clichés sous Bois
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Gros fan de Kery James, j'étais plutôt content de voir enfin apparaître son projet dans Netflix.
Doté du titre éponyme au morceau présent sur "A l'ombre du show business" (dont on entendra quelques notes au piano tout le long du film), on pouvait déjà à peu près savoir où allait se diriger le film.
Et effectivement, le film tire ses thèmes de la discographie de Kery (lettre à la république, constat amer, banlieusards...) et y apposent les images qu'ils pouvaient manquer.
Si Kery James rappe des morceaux profonds avec la hargne, l'émotion et le talent qu'on lui connait, force est de constater que la sauce ne prend pas aussi bien à l'image. La faute à un récit qui veut trop en faire et qui au final ne fait donc pas grand chose, hormis nous montrer ce que l'on sait déjà : une vision bien trop sommaire de la banlieue et de ses problématiques qui peine à prendre vie à l'écran.
L'usage de clichés était inévitable et pas pour autant dénué d'intérêt, cela permet de multiplier des points de vue, d'opposer les forces en présence. D'ailleurs cela fonctionne parfois, grâce à certains acteurs, Jammeh Diangana en tête, mais aussi Bakary Diombera qui manque sûrement d'expérience mais qui donne tout ce qu'il a. Même Chloé Jouannet tire son épingle du jeu malgré un rôle avec trop peu de nuances.
On regrettera quand même quelques acteurs trop mauvais pour être crédibles, et qui malheureusement affaiblissent le film (le méchant dealer qui en fait des caisses au delà du réel, le pote qui veut fumer tout le monde...). Mais aussi Kery James lui même, qui ne s'efface pas derrière le personnage de Demba. Je n'y ai vu que Kery, et un acting en demi teinte. Il aurait été plus efficace de céder la place à quelqu'un d'autre.
Pour autant, le film arrive à avoir quelques fulgurance, parfois touchantes (le passage à l’hôpital, la boxe, le soutien scolaire...), même si les scènes sont convenues et attendues, elle donne un peu de poids et de liant au film.
Il y avait sûrement quelque chose à faire de plus efficace avec Banlieusards, en y insérant plus d'émotions et moins de caricatures. Mais il s'agit là d'un premier film, avec des erreurs certes mais aussi des bons côtés. On aurait aimer vivre ce film comme on peut vivre un morceau de Kery James, mais c'était mettre la barre un peu haute. Il y a des intentions et des maladresses. Malheureusement, il ne portera pas la puissance attendue et on restera dubitatif quant aux messages que le film souhaite livrer, car trop dilués ou trop superficiels comparativement à un morceau de rap de 6 minutes, souvent acéré et sans concession.
Créée
le 15 oct. 2019
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