Have you ever danced with the devil in the pale moonlight?
Cela faisait des années - comptez la dizaine - que je ne l'avais pas vu, et je n'ai pas été déçue de ce retour aux sources. Je vais revoir Batman returns pour confirmer qu'il s'agit du meilleur film Batman de tous les temps, mais s'il est meilleur que celui-ci, il y a un sacré niveau.
Tim Burton a réussi à donner à Gotham City un aspect étonnant, à la fois étrangement irréel - surtout lorsqu'on voit la ville de loin dans son ensemble - et profondément réaliste avec une touche de cadre polar, illustrant à mon sens à merveille l'aspect fictif mais plausible de la ville des tribulations de Batman et consorts ; en cela appuyé par la bande-son magistrale de Danny Elfman (vous connaissez tous le thème de Batman avec ses BADABADAM BADABADAM BADABADAM TATATATAAAAAATA etc.) et les quelques compositions de Prince. Une immense majorité de l'histoire se passe la nuit ou dans l'obscurité, ce qui sied à merveille à nos protagonistes. L'éclairage et la mise en scène sont d'ailleurs soignés aux petits oignons pour révéler - ou pas - les visages et les silhouettes des personnages, en particulier Joker et Batman.
Les personnages, parlons-en : je ne m'y connais pas énormément dans les comics et je ne me souviens plus trop du dessin animé ; mais pour ce que je peux en dire, je trouve leurs actions et motivations relativement fidèles au matériau d'origine et - c'est le plus important - de toute manière au service d'une intrigue bien nouée et qui nous tient en haleine sans difficulté pendant les deux heures de film.
Je n'ai rien à redire sur les acteurs. Jack Nicholson a en soi une gueule de psychopathe, mais il cumule ce bienfait de la nature avec une performance éblouissante dans le personnage de Joker, le semeur de chaos et de destruction au nom de l'art (parce que après tout POURQUOI PAS). Tout y est : le rire maniaque, les poses exagérées, les tirades grandiloquentes... la colère froide. Un méchant qu'on adore détest... non, qu'on adore.
Kim Basinger se débrouille très bien dans son rôle de personne lambda se retrouvant plus ou moins malgré elle entraînée directement dans les histoires de Batman et Joker. Et elle parvient à ne pas être un réceptacle complètement vide pour remplir ce rôle. Sans être transcendant, son personnage est réaliste et se suit sans difficulté.
Michael Keaton est le meilleur Batman que j'ai jamais vu, que ce soit en Bruce Wayne ou en chauve-souris : son air stoïque, ses émotions refoulées, sa résolution inflexible et même le regard flippant qu'il est capable de jeter sous son masque en font véritablement un acteur de choix pour le justicier.
Et je pourrais aussi parler d'Alfred le majordome/papa de tribulation, Bob le fidèle sous-fifre de Joker, tous les types habillés comme dans un polar...
Bref, le film date de 1989 et a clairement un parti pris au niveau du ton, de ressembler à un comic : le film a des côtés très sombres et très flippants, mais garde une dose de fantaisie savoureuse qui le distingue des films de Nolan qui ont de toute façon eux le parti pris d'être plus réalistes. Foncez le revoir; vous ne serez pas déçus.
Allez hop, Batman returns maintenant. Parce que question méchants, là aussi, il y a du niveau.
