Habituellement, je n'aime absolument pas les films de super-héros. Bien souvent, c'est un adolescent niais et boutonneux qui découvre dans les cinq premières minutes du film qu'il est extraordinaire et qui profite de sa nouvelle musculature pour emballer de la donzelle quand il ne doit pas sauver le monde.

Si Batman suit généralement le schéma habituel, je le situe un niveau au-dessus des blockbusters habituels. Avant le héros, on découvre Bruce Wayne jeune garçon, fils de philanthropres à la tête de Gotham City, et dont le destin, brisé par l'avidité d'un voleur appeuré, n'est pas sans rappeller la réalité actuelle : la misère mène au chaos. Le film prend le temps d'installer son personnage et sa psychologie, sans jamais créer de longueurs, et permet de s'attacher rapidement à Bruce mais aussi à Alfred et Rachel, qui loin d'être de simples personnages secondaires sont également très soignés. On suit la déchéance mentale de Bruce dans sa quête de la définition de la justice, aussi aveuglé par la colère que par les chauves-souris lors de sa chute, enfant, au fond d'un puits.

En Asie, dans l'ombre de Ra's Al Ghul, on entre dans une parenthèse magique (qu'on ne trouvera malheureusement plus dans la suite de la trilogie), et je retiens particulièrement l'ultime rite d'initiation du pavot bleu et des ninjas. Puis retour dans l'atmosphère putride Gotham, avec un Batman presque abouti, terrifiant dans son costume, surtout lors de son face-à-face avec l'Epouvantail (médecin fou interprété par le génial Cillian Murphy). On a enfin un véritable héros, monstrueux par son omnipotence mais humain par ses sentiments, comme le prouve par exemple sa relation avec le policier Jim Gordon, peut-être le personnage le plus banal du film mais qu'on admirera aussi le plus, et son amour pour Rachel, histoire un peu bancale mais qui fonctionne malgré tout. Après le chaos et la fin de Ra's Al Ghul, Rachel et Bruce s'embrassent comme prévu, dans une fin heureuse et une gentille ouverte sur la suite comme prévu.

Ainsi le succès de Batman ne repose pas sur un scénario incroyablement fou, mais sur la qualité de sa réalisation et le soin apporté aux personnages. On ne s'attache à Batman que par la découverte de Bruce, et c'est en connaissant son passé et ses souffrances que Batman nous marque plus fortement.
Idyllique
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le 30 déc. 2012

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