Nous sommes au milieu des années 90, Tim Burton est parvenu au début de la décennie à remettre au goût du jour la licence Batman au cinéma grâce à ses deux films sur le vengeur masqué. Avec la sortie de la série animée culte Batman TAS, une vague de "Batmania" déferle chez les jeunes, le héros redevient populaire aux yeux d'un public qui ne se compose plus uniquement de simples amateurs de comics.


Mais c'est alors, lorsque tout aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, que survient en 1995 le nouvel opus de la franchise Batman, réalisé par Joel Schumacher. Batman Forever est un véritable affront fait à tous les fans du personnage mythique que représente Batman, la licence vient de mettre un pied dans la tombe, et sera déclarée cliniquement morte quelques mois plus tard avec la sortie de Batman & Robin.


Pourtant, certains lui accorde encore aujourd'hui un tant soit peu de crédit avec des arguments tels que "Jim Carrey sauve le film" ou bien " en comparaison de Batman & Robin, le film se laisse regarder" mais soyons honnête ce n'est pas le cas. Moi aussi l'ayant vu durant ma jeunesse j'en avais garder un bon souvenir. Jusqu'à ce que je le revois récemment.


Première réplique du film, un bref échange entre Alfred le majordome & Batman :
- Alfred: "Puis-je vous convaincre d'emporter un sandwich avec vous Mr. ?"
- Batman: "J'irais au restaurant".
Et ensuite Batman part dans sa Batmobile tuné avec des néons bleues....


Cette scène annonce la couleur (fluo pour le coup) et résume à elle seule parfaitement ce navet qu'est Batman Forever : des dialogues exécrables, un jeu d'acteur qui se situe globalement, en fonction des interprètes, entre l'exagération de mauvais goût et l'anémie totale


Dans la catégorie je force tellement mon jeu que j'aurais mérité une dizaine de Razzie Awards chaque année pour avoir flinguer la licence, j'ai nommé :



  • Tommy Lee Jones dans le rôle de Harvey Dent/Double-Face, dans un composition qui n'est pas sans nous rappelés le Joker de Nicholson, cette fois-ci la crédibilité et le talent en moins. L'acteur est en roue libre pendant TOUT le film, et que dire de son apparence, je préfère rester poli et passer au suivant, tant sa performance me reste en travers de la gorge.


  • Jim Carrey, qui nous livre une interprétation (trop) personnelle du personnage du Sphinx/Edward Nygma. Jim Carrey fait ici du mauvais Jim Carrey. Pas le Jim Carrey qui se montre drôle et attachant comme dans Menteur, Menteur. Non le Jim Carrey constamment dans la surenchère et la bouffonnerie comme dans les Ace Ventura, quoique dans ces films Carrey arrive à m'arracher quelques sourires avec cette avalanche de débilité profonde. Or ce n'est pas le cas ici, je ressent plutôt un profond malaise devant le jeu de l'acteur. Mention spéciale pour sa coupe à la Desireless rose bonbon, qui vient anéantir la dernière touche de masculinité de l'Homme-Mystère, que l'on croirait s'être échappé d'une gay pride qui aurait tourné au vinaigre.


  • Nicole Kidman, dans le rôle d'un nouveau love interest de Bruce Wayne, largement dispensable, tout comme l'actrice d'ailleurs. Que dire de Kidman dans ce film, hormis ses minauderies incessantes et surfaites, ses allusions permanentes au sexe qui m'ont fait me demander si je n'avais pas, par mégarde (pour une fois) télécharger la version parodique porno de Batman. Le personnage est une véritable nymphomane qui semblerait tout juste de sortir d'un couvent après des années d'abstention.



Maintenant dans la catégorie pourquoi j'ai signé pour cette galère j'ai nommé :



  • Val Kilmer dans le rôle de Bruce Wayne/Batman qui nous ferait regretter la présence de Michael Keaton dans les précédents opus, ce dernier a eu la présence d'esprit de quitter le navire lorsque la Waner a décidé de proposer de faire du film un divertissement plus familiale que les films de Burton. Remercions le studio pour sa décision au combien intelligente applaudissement pour ce ramassis de blaireaux avides de thunes. Quand on pense que Burton avait prévu de rempiler pour un troisième opus avec Johnny Depp dans le rôle de l'Epouvantail...
    Pour en revenir à Val Kilmer, le rôle ne lui va pas. On sent qu'il n'est pas à l'aise et son jeu s'en fait ressentir. Il ne laisse paraître aucune émotion et attend sagement d'encaisser son chèque à la fin du tournage. Petit détail qui m'a fait huler de rire : lorsque Bruce Wayne porte ses lunettes uniquement pour paraître intelligent, pour se donner ce petit côté intello durant ses échanges avec Edward Nygma. Le cliché dans toute sa splendeur.


  • Michael Gough, qui rempile une troisième fois dans le rôle de Alfred. Il est certainement le meilleur acteur de la distribution, sa prestation est tout sauf mémorable, quoi que sa présence à l'écran ne lui rend pas justice.



Et pour finir, dans la catégorie c'est terminé je n'aurais plus jamais la moindre crédibilité au cinéma, j'ai nommé :



  • Chris O'Donnell, dans le rôle de Dick Grayson/Robin. Là on touche le fond. On notera un énième cliché, l'ajout d'une boucle d'oreille pour accentuer le côté jeune et rebelle de l'acolyte de Batman. Pathétique, tout comme le fait que l'acteur est sensé incarné un adolescent, alors que O'Donnell a 25 ans à la sortie du fllm.
    Et ce qui concerne son jeu d'acteur, il est inexistant.


Je vais passer rapidement sur l'esthétique des décors fluorescents indigeste; car la direction artistique du film, si elle existe, ne mérite pas que l'on s'attarde dessus; pour aller directement à l'essentiel : de quoi s'est inspirer Schumacher pour réaliser cet étron ?


S'il semble avéré que le réalisateur n'a aucune considération pour Batman et son univers, qu'il n'a jamais ouvert un comic Batman, ou un comic book tout court d'ailleurs, on sent que le réalisateur a voulu se rapprocher du film Batman de 1966 et de la série éponyme. Destiné à un public pré-pubère, ces adaptations étaient volontairement parodiques, avec des scénarios et des répliques grotesques dénués de la moindre logique, ainsi que des décors et des costumes kitsch à souhait.
Avec du recul, le film Batman de 1966 est volontairement ou involontairement drôle et sympathique à regarder, un nanar devenu culte en raison de ses situations rocambolesques.
Avec Batman Forever, sorti suite aux adaptions sombres, gothiques et relativement matures de Burton, ainsi que la série animée avec son ambiance digne des grands films noirs, on ne peut pardonner l'égarement artistique du film de Schumacher qui vient bouleverser le statut quo récemment établie à l'époque du personnage à l'écran.

FabiusMaximus
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le 14 avr. 2016

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