Batman v Superman est un film difforme. La faute à qui ? A Zack Snyder peut-être ? Malgré plusieurs choix douteux, nous y reviendrons, le réalisateur de Watchmen semble tenter de faire pour le mieux, obéissant à un cahier des charges complètement aberrant, imposé par le studio.
Le principal problème du film est qu’il ne parvient jamais à trouver son rythme de croisière et ainsi à faire entrer le spectateur dans l’histoire. Une totale absence de cohérence due à l’insoluble équation face à laquelle s’est retrouvé Snyder : devoir mettre en image le face à face tant attendu entre les deux héros phares de DC Comics, et poser les bases d’un univers qui se veut tentaculaire (à la manière de l’univers Marvel).
Mais ce que Marvel a mis plusieurs années à mettre en place avant de réunir ses différents super héros dans Avengers, Snyder doit le réaliser en un seul long métrage. On se retrouve alors face à un film qui peine à raconter une histoire, celle-ci étant régulièrement parasitée par des séquences uniquement dictées par l’exigence d’introduire les éléments des futurs films du studio.
Le point d’orgue étant une séquence posée en plein milieu du métrage, totalement déconnectée du reste du film, et qui ne bénéficie d’aucune espèce de début d’explication. Rien de tel pour perdre le spectateur en cours de route. De même, la manière dont sont exposés Flash, Aquaman et Cyborg frise carrément le ridicule.
Empêtré dans cet imbroglio, le savoir-faire de Zack Snyder parvient tout de même à sauver les meubles. Sa technique hors pair et son sens du cadrage font souvent mouche. On pense notamment au premier quart d’heure du film, plutôt bien ficelé.
Si le personnage de Wonder Woman, bien que très peu présent, est plutôt réjouissant et donne envie de la découvrir davantage dans son film solo, il n’en est pas de même du personnage de Batman. Superman étant présenté comme un danger potentiel pour l’humanité, Snyder semble avoir voulu rééquilibrer la balance en forçant à l’extrême le côté sombre de Batman. Ce dernier a littéralement la rage. Il marque au fer rouge ses ennemis, quand il ne les tue pas purement et simplement. Un peu dur à avaler pour les inconditionnels de l’homme chauve-souris. Et surtout, impossible de ressentir la moindre empathie envers un personnage autant rongé par la haine.
Quant au méchant de l’histoire, Lex Luthor, c’est un foirage total. Ses motivations restent totalement obscures, voire incompréhensibles. Jessie Eisenberg cabotine jusqu’à l’écoeurement, et on a juste envie de voir l’un des deux héros du film lui fermer son clapet pour de bon.
Le scénario semble avoir été écrit en dépit du bon sens. On passera sur les raisons de l’affrontement entre Batman et Superman. C’est surtout ce qui met brutalement fin à leur duel qui ne tient absolument pas la route et fait sombrer le film dans le comique involontaire.
On assiste à ce spectacle avec une impression de grand gâchis, comme si on avait tué dans l’œuf un des projets les plus excitants de ces dernières années.