Batman v Superman : Dawn Of Justice

Le point fort de Man Of Steel concernait l'approche de l'histoire de Superman par Zack Snyder (et non l'histoire en elle-même). Il ne se concentrait pas seulement sur les origines de Superman, il observait également l'impact qu'un tel super-héros aurait sur nous, êtres humains. Comment serait-il perçu dans notre société ? Quel serait son rapport avec les lois qui nous gouvernent ?

Avec Dawn Of Justice, Snyder continue sur cette lignée mais semble oublier ce qui fait de Superman un être appréciable. En effet, il n'est pas seulement le "Dieu" qui se retrouve parmi les humains mais bien plus que ça. Malgré les très belles scènes réalisées à ce sujet, où l'on voit Superman survoler des habitants de Metropolis qui vénèrent littéralement sa puissance et son pouvoir, le film laisse derrière l'aspect humain de Clark Kent et ce qui le rapproche de l'espèce humaine.

Voir Superman aller au tribunal était certainement une idée originale, et encore une fois un signe de l'approche plus réaliste de l'histoire, mais il manque un passage qui marque l'affection entre le héros et l'humanité qu'il tente de protéger. On se contente au final de son sacrifice, après avoir passé quasiment deux films à être tourmenté par ce que les autres pourraient penser de lui.

Du côté de l'histoire de Superman, on a bien vu l'importance de Lex Luthor qui apprend progressivement les secrets de Krypton. Et à défaut d'être bien représenté, car honnêtement Jesse Eisenberg ressemblait à une version riche de l'Homme Mystère ou du Joker avec ses moments de folie, on se rend progressivement compte de son plan visant à compromettre les principes de Batman et en mettant Superman à genoux.

Il est possible que Lex soit le seul personnage du film ayant été mal représenté, mais dont le script tenait parfaitement la route du début à la fin. Son importance pour la suite est brièvement mentionnée à la fin du film, mais c'est beaucoup trop vague pour en tirer une conclusion. Une chose est certaine, Michael Rosenbaum (Smallville) reste le meilleur Lex Luthor qu'on ait pu voir jusqu'à présent.

De son côté de l'histoire, Ben Affleck nous livre une excellente performance en tant que Batman plus âgé et expérimenté. Contrairement à celui de Nolan, ce Batman est intimidant, brutal, nettement plus costaud et encore plus sombre. On apprécie ses changements de costume en fonction des circonstances, mais on peut aussi se poser des questions sur son utilisation des armes à feu ou de sa marque de fer, qui condamne les criminels à une mort certaine en prison.

Il aurait sûrement fallu un film à part pour présenter son chemin parcouru (20 ans à combattre le crime - période mentionné à plusieurs reprises par Alfred - son cauchemar qui semble transmettre un message essentiel mais trop incohérent, Flash qui sort d'un vortex) et expliquer ses motivations dans Dawn Of Justice, ainsi que le fait qu'il se "perde" un peu en chemin en étant confronté à la dure réalité des dégâts que peuvent causer un alien aux pouvoirs incontrôlables sur la planète.

Cela dit, si le personnage de "Batfleck" peut paraître irritant par moment car trop obnubilé par son envie d'éliminer Superman, on se fait rapidement à l'idée qu'il s'agit d'une expérience essentielle pour Batman avant de le voir devenir l'un des piliers de la Ligue des Justiciers.

Encore une fois, l'approche de Snyder était la bonne mais le déclic pour Batman se fait de manière hasardeuse. Lorsqu'il entend le prénom de "Martha (Kent)", Bruce réalise que Superman est dans son camp et qu'il se préoccupe lui aussi du bien être des humains. Il réalise qu'une personne se cache derrière le héros venu de Krypton, mais cette séquence est bien trop précipitée et pas assez explicite pour être vraiment satisfaisante.

Le film enchaîne directement avec la bataille contre Doomsday, ce qui certes provoque le passage le plus excitant du film, mais donne également l'impression que le script est incomplet, qu'il manque une partie du dialogue entre Batman et Superman, un symbole qui finalise leur alliance avant le grand combat.

Mais puisqu'on y arrive, parlons de Wonder Woman. En plus d'arriver à temps pour sauver Bruce d'une mort imminente, elle est introduite sur une bande son vraiment badass, qui change du ton donné par le film précédemment, et nous donne une aperçu de ce qu'on peut espérer de son propre film (prévu pour 2017) mais aussi de la Ligue des Justiciers (également pour 2017).

Au final, le film entier peut se résumer à cela. Plusieurs pièces prometteuses répandues à travers le film qui nous donnent une idée de l'intention du réalisateur, quelques scènes qui font allusion aux origines des personnages, des combats bien chorégraphiés mais mal terminés.

Il est clair qu'en tant que produit fini, Dawn Of Justice est trop dispersé et pas assez approfondi pour être apprécié pleinement, mais il ouvre la voie à d'autres projets prometteurs dont l'incontournable Ligue des Justiciers.