L’histoire d’un film avec de grandes ambitions. L’opposition des 2 plus grands super-héros de la Distinguée Concurrence avec comme objectif de se mettre au niveau par rapport au MCU (Marvel Cinematographic Universe). Un enjeu assez colossal et très attendu pour les fans pour au final un résultat que je qualifierai en demi-teinte.


Attention, avant de commencer la lecture, sachez que comme à mon habitude, il y a plusieurs morceaux de SPOILERS dans mon avis. Difficile d’émettre un avis sans donner des exemples concrets donc bon… mieux vaut prévenir…


Déjà, pour replacer un peu le contexte sur mon état d’esprit à la vision du film, il faut que je vous dise quelques petites choses. Je suis un grand fan de Snyder. Il a réussi à faire de l’inadaptable Watchmen une des meilleures adaptations de comics, Sucker Punch est une vraie pépite (vous avez mon avis sur ce film par ailleurs) et il possède un style léché que j’affectionne particulièrement. J’ai adoré Man of Steel, redonnant un souffle à un super-héros que l’on voit souvent comme trop lisse et trop parfait (le terme de boyscout pour le désigner le démontre bien).
Et bien évidemment, comme tout fan de comics qui se respecte, j’ai lu les oeuvres de Miller autours du chevalier noir et je dois admettre que j’en suis plutôt (très) fan. Mais ce comics est, comme Watchmen je le pensais, inadaptable : un Batman vieux (pas vieillissant, vieux), qui se lance dans une dernière croisade, un Superman devenu le caniche du président des USA, la Justice League complètement disséminée (par Superman notamment). C’est là que le bas blesse quand j’ai entendu qu’ils voulaient adapter Frank Miller pour un film faisant « naître » la Justice League. On est exactement à l’antipode ce que propose Miller…


Donc, pas particulièrement confiant au départ, je me suis dit qu’après Man of Steel et avec Snyder aux commandes, ça pouvait le faire et j’attendrai de voir pour juger. Et bien c’est vu… Et 2 jours plus tard, je choisis soigneusement mes mots tellement je suis indécis. Il manque quelque chose dans ce film et j’ai un peu de mal à mettre le doigt sur quoi.


C’est sans doute ici le film le moins personnel de Snyder. On n’y retrouve presque plus sa patte, son style, mis à part sur quelques scènes. La faute sans doute à une forte pression du studio, à la surveillance des producteurs de tous les côtés et au système Hollywoodien dans toute sa splendeur au final. Les scènes où nous retrouvons le réalisateur sont sans doute les meilleures : de l’introduction à la scène d’un Batman ultra-militarisé dans un monde post-apocalyptique. Mais la plupart du film est assez formaté pour correspondre à des attentes, ça se sent, tout comme les coupes qui ont été faites sur la table de montage (sans doute pour respecter la classification du film). Difficile de ne pas ressentir ces manques.


Au niveau de l’histoire, autant le dire tout de suite : ça n’est clairement pas une adaptation de The Dark Knight Returns. The Dark Knight Returns sert d’inspiration à beaucoup d’éléments, au niveau de l’histoire, des characters designs, etc… ça n’est pas tout-à-fait la même chose et quelque part, c’est un peu normal vu ce que je disais plus haut. J’ai été surpris (positivement) par la reprise de quelques points qui seraient passés à la trape en temps normal, comme l’importance du média télévisuel comme objet de débat dans l’oeuvre de Miller et que l’on retrouve ici au travers une ou deux petites scènes. Bon point ! Autre bon point : le fait de commencer le film par la fin de Man of Steel et de voir directement les conséquences de l’affrontement dantesque entre Zod et Kal-El mais du point de vue de Bruce Wayne, impuissant.


Mais la reprise de certains éléments scénaristiques pour une histoire originale a laissé malheureusement quelques places à des erreurs impardonnables pour un film pareil :
- des oublis, comme le discours de Batman à Superman lorsque la chauve-souris a pris le dessus. Un monologue épique, présent dans le comics et son adaptation animé, qui appuie le fait que Superman ne soit pas invincible, qu’UN homme sur Terre l’aura vaincu. Ce discours qui à servi au studio à présenter le film lors d’une comic-con, qui résonnait sur un écran noir pour laisser apparaître le logo du film et qui, au final, se trouve absent du métrage…
- des incohérences scénaristiques, comme Luthor qui explique à Superman que ça fait 2 ans qu’il travaille le chevalier noir en envoyant de la part d’un employé de Wayne blessé lors de la scène finale de Man of Steel des lettres types « tu as laissé ta famille mourir ». Au final, c’est faux puisque Bruce Wayne ne verra ces lettres qui sont en fait les chèques de pension versés à cet invalide qui lui sont retournées taguées que trop tard. Par contre, Merde ! Ca implique carrément 2 choses là ! Déjà, que Luthor SAIT que Bruce Wayne et Batman ne font qu’une et unique personne ! Ensuite, que Luthor a manipulé le plus grand détective du monde pendant 2 ans !! WTF ?!! Où est le respect du personnage original là ?


Au niveau des personnages, tous ne sont pas traités de la même façon, créant un déséquilibre palpable. Diana « Wonder Woman » Prince apparaît tout au long du métrage, dans les divers endroits mondains et autres, sans que l’on sache exactement pourquoi. Elle fait un peu la potiche de service (avec comme prétexte limite le fait que Luthor lui ait volé une photo… -_-) et n’est là que pour justifier sa présence lors du combat final en Wonder Woman. Léger.
A côté de ça, nous avons une Loïs Lane omniprésente (et quasi omnisciente) qui sert d’enquêtrice (Batman a sans doute été jugé trop occupé avec sa colère par les scénaristes) et qui permet au spectateur de dénouer, avec elle, les ficelles… pardon, les cordes de l’intrigue. Parce que l’intrigue n’est, honnêtement, pas très originale et si on doit attendre une heure quasiment pour que le film démarre en terme d’action, ça n’est pas vraiment pour s’attarder sur la psyché des différents personnages mais plus pour positionner les pions de l’échiquier sur lequel on a déjà la sensation d’avoir une vue d’ensemble.
Toujours niveau histoire (tant que j’y suis), l’avenir qui se profile pour le DC Cinematographic Universe apparaît ici de manière un peu… bizarre. Des rêves de Bruce Wayne qui voient un monde apocalyptique avec des créatures extra-terrestres qu’il n’est pas censé connaître, un discours de Luthor assez mystérieux sur le fait que ses actions ne résonnent pas seulement sur Terre mais aussi dans l’espace ou encore Bruce qui se lance à la recherche des méta-humains pour constituer une équipe pour se battre juste sur « une intuition »… Soit il y a un Deus Ex Machina, soit on ne nous dit pas tout et ça sera expliqué par la suite, soit on nous vend juste les suites en nous prenant pour des cons.


Un dernier point qui m’a dérangé et que j’aimerais souligner : l’idée de mettre Gotham et Metropolis littéralement face à face, chacune de chaque côté d’une berge. Ca facilite clairement les allers / retours des personnages dans les 2 villes mais ça casse un peu l’ambiance respective de chacune des 2 villes. Gotham et Metropolis sont comme des personnages, elles sont à l’image de leurs protecteurs dans les comics des dizaines d’années… Gotham est sombre, sale, il y fait toujours nuit puisque Batman ne sort qu’à ce moment (en théorie, puisque c’est ce que j’ai reproché au dernier film de Nolan) et gangrénée par une criminalité à tous les étages. A l’inverse, Metropolis est toujours présentée comme lumineuse, un soleil omniprésent soulignant la puissance du boyscout. Les mettre si proche géographiquement empêche un peu de retrouver le climax de ces cités, à commencer par la météo jusqu’à l’ambiance qui y règne. Les 2 villes ne forment plus qu’au final un seul lieu de tournage qui prendra le climat en fonction du personnage sur lequel on est centré à un instant T.


Après, tout n’est pas tout noir non plus. Il y a beaucoup d’éléments positifs dans ce film. Déjà parce que j’ai envie de le voir comme une introduction et non comme une oeuvre à part entière. Si elle fait, comme je l’espère, partie d’un tout, je pense qu’elle trouvera un sens. Il nous manque juste la vision globale que l’on aura quand Snyder aura fini de réaliser les 2 parties de Justice League.


Ensuite, il y a différents sujets qui sont intéressants :
- le cauchemar de Batman sur le monde post-apocalyptique montre une milice armée arborant le symbole de Superman. Est-ce la peur de la puissance de l’extraterrestre qui le pousse à voir ça ou des éléments à venir faisant partis du même plan que les aliens présents dans cette même scène ?…
- toujours dans ce cauchemar, ou plus exactement à la fin, un personnage qui s’adresse directement à Batman à travers un espèce de portail spatio-temporel. Ca, c’est clairement pour préparer l’avenir et si c’est bien ce que je pense, c’est très excitant. Un personnage avec un costume rouge, qui a l’air de venir d’une autre époque plus lointaine… ça me fait penser à Flashpoint Paradox, un comics qui voit Flash traverser le temps (et l’altérer mais ici n’est pas la question).
- Le débat sur la divinité de Superman : vrai dieu, faux dieu, doit-il rendre des comptes à l’espèce humaine ? C’est une question centrale pour l’ensemble des personnages mais c’est surtout la grande source d’interrogation de Superman lui-même, toujours en quête d’identité alors que l’on pensait qu’il avait trouvé son camps à la fin de Man of Steel. Et comme les lecteurs de comics savent sa proportion à faire des mauvais choix pour de bonnes raisons, il est tout à fait justifié qu’il soit redouté par Batman autant que par lui-même.
- Ces héros, ces « gladiateurs » devant se livrer un combat ne serait-ce qu’à cause de l’opposition de leur conception de la justice, sont avant tout traiter comme des hommes. Je pense que beaucoup y verront un point négatif mais je me suis senti plus proche des personnages à les voir ainsi, confrontés à leurs propres peurs, à savoir la puissance de Superman (aussi bien pour Bruce Wayne que pour Superman). Et cette différence de traitement entre un Bruce Wayne né homme et qui fait tout pour être un héros et un Superman né héros et qui fait tout pour préserver son humanité. La dualité des personnages va au-delà des coups échangés et si j’ai trouvé tout le démarrage un peu long, c’est parce qu’il s’attarde sur cette partie au demeurant très intéressante.


Concernant Batman, très décrié car très « militarisé » et prêt à franchir la ligne, j’ai pour ma part envie de dire tant mieux !! On retrouve ENFIN un Batman prêt à faire ce qu’il faut. Non pas que je sois pour un Batman pro-violent mais c’est la grande force de Batman comparé à Superman. Si ce dernier se retrouve au final incapable de sacrifier la moindre vie, qu’il est prêt à se soumettre dès que l’on tient quelqu’un de son entourage en otage, Batman est tout l’inverse : il est prêt aux sacrifices pour l’intérêt du plus grand nombre, il ne recule devant rien et est avant tout un grand stratège. Il ne fonce pas tête baissée mais sait exactement où il va. C’est bien pour ça qu’il ne peut que gagner face à l’homme d’acier. Même avec une force moindre. Il est militarisé pour les besoins, il est prêt à franchir la ligne pour les besoins. Il ne tue pas par plaisir, il ne se préoccupe juste pas des dommages collatéraux occasionnés à ceux qui combattent contre lui. C’est l’image que je me suis toujours faite de Batman et, à tous ceux qui disent « non, Batman ne tue pas même par désintérêt », j’ai envie de les renvoyer directement au comics numéro 1 de Batman.


Enfin, un dernier mot rapide sur les acteurs. Deux en particuliers en fait. Déjà, Jesse Eisenberg qui cabotine pendant tout le film en Lex Luthor. Alors que tous les autres acteurs prennent leur rôle au sérieux, Jesse, avec son interprétation très « chien fou » créé un fossé entre Luthor et le reste des personnages. Il survole un peu le métrage. Je pense que c’est volontaire, de part son rôle d’élément déclencheur dans l’ensemble des évènements mais ça en fait un personnage à part, le seul qui a l’air d’avoir une vue d’ensemble sur les évènements du film mais aussi des films à venir.
Ben Affleck… Batfleck… Je pourrais en écrire des pages sur cet acteur. Honnêtement, je ne suis pas un de ses plus grands fans : je le trouve fade voir même mauvais acteur. Jusqu’à ce que je remarque que lorsqu’il est bien dirigé (par lui-même notamment), il tire plutôt bien son épingle du jeu. Si au point de départ, j’étais un peu dégouté par l’annonce de Ben Affleck par Batman et que j’étais pour que Jeffrey Dean Morgan ait le rôle, force est de reconnaître qu’il s’en tire vraiment très bien. Aussi à l’aise dans le costume de Batman que dans la peau de Bruce Wayne, on sent qu’il a développé un intérêt pour ce personnage et qu’il a été très bien dirigé. Ce film m’aura beaucoup rassuré quant à son avenir dans le DC Cinematographic Universe.
Mais j’aurais quand même préféré Jeffrey Dean Morgan !!! Toc !


Je n’aurai pas parlé de Doomsday, consciemment, car très honnêtement il ne sert à rien de plus que ce à quoi nous nous attendions : offrir un ennemi commun à Batman et Superman (bon, et Wonder-Woman aussi). Il n’est absolument pas développé, pas intéressant, il est dégagé aussi vite qu’il est arrivé et ne représente qu’une montage de muscles kryptonniennes sans autre but que de détruire tout ce qu’il voit. On n’est même plus dans le méchant de bas-étage là, on est encore un cran en dessous.


Au final, je reste partagé. Beaucoup de pour et beaucoup de contre malgré une sensation que les contres pourront trouver des réponses soit dans les métrages à venir soit dans la version longue déjà annoncé de celui-ci. A l’image de Sucker Punch ou de Watchmen que j’ai complètement redécouvert en version longue, j’ai envie de reste confiant pour l’avenir. La sortie sur support a de plus en plus le bénéfice de permettre à un réalisateur d’exposer l’oeuvre telle qu’il la voulait alors que le studio impose la version cinéma. Je pense donc qu’une nouvelle vision du film s’impose pour se faire un avis plus précis, la « véritable » version du film. La demi-heure supplémentaire qui comblera (j’espère) certaines petites déceptions pour arriver au niveau de Man of Steel et pour nous offrir, vraiment, ce combat de gladiateur promis !

Créée

le 27 mars 2016

Critique lue 236 fois

Critique lue 236 fois

D'autres avis sur Batman v Superman : L'Aube de la Justice

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
Kelemvor
4

Que quelqu'un égorge David S. Goyer svp, pour le bien-être des futures adaptations DC Comics !

Qu'on se le dise, Man of Steel était une vraie purge. L'enfant gibbeux et perclus du blockbuster hollywoodien des années 2000 qui sacrifie l'inventivité, la narrativité et la verve épique sur l'autel...

le 25 mars 2016

116 j'aime

35

Du même critique

Scream 3
Christian_Pali_Di_Zo
8

Scream 1 à 4 - la saga

Attention, je vais parler ici des 4 Scream et je vais spoiler donc mon avis s'adresse à ceux qui ont vu les 4 (ou aux curieux). Un film de Wes Craven avec Neve Campbell, David Arquette. Casey Becker,...

le 2 oct. 2015

5 j'aime

2

Ninja Turtles
Christian_Pali_Di_Zo
9

Ninja Turtles... Non Teenage Mutant Ninja Turtles !!

Allez, une fois n'est pas coutume, je commence par un petit coup de gueule !! Et contre les génies qui s'occupent des "traductions" et autres titres qui traversent l'Atlantique ! Bon, ils en prennent...

le 13 oct. 2014

4 j'aime

Fathom
Christian_Pali_Di_Zo
10

Fathom (Michael Turner)

Alors... Là, je m'attaque à un gros morceau... Non seulement parce que l’œuvre est vaste mais aussi parce qu'elle a marqué ma vie de manière forte et que je vais malgré tout essayer de rester le plus...

le 26 sept. 2014

3 j'aime