Lex le chauve sourit

Ce que je peine à comprendre, c'est pourquoi DC cherche absolument à rattraper son retard sur Marvel en saccageant son propre univers de la sorte. Personnellement, j'ai toujours eu un peu de mal avec ces histoires de super-héros, l'idée que des types en collants arc-en-ciel se battent avec les méchants les plus dérangés de la planète pour sauver le monde me paraît assez étrange, mais bon soit, le concept a beau être saugrenu, il faut avouer qu'il a son petit côté alléchant...

D'ailleurs, il faut avouer que BvS, dans le fond de son propos, n'est pas si débile, remettre en question la légitimité de laisser en liberté un soit-disant sauveur aux pouvoirs divin, c'est plutôt pertinent, surtout si le "sauveur" en question saccage la moitié de la ville pour en arriver à ses fins... Alors d'entrée de jeu, le film pose ses bases de manière assez claire, en insistant dessus avec un peu trop de lourdeurs, mais bon, on pardonne, de toute façon on savait à l'avance que Nolan était passé par là et qu'on aurait de toute façon à subir tout le côté prétentieux de qui en découlerait.

Le nouveau personnage de Batman est plutôt réussi, il a un côté plus sombre, plus "grosse brute", moins lisse que ce qu'on avait pu voir avant, ça nous change un peu, et Ben Affleck s'en sort très bien. Bon, le réal ne nous épargne pas le coup des parents pour la énième fois, les quelques rêves sont pénibles et la symbolique difficilement compréhensible (malgré le plaisir que j'ai eu à voir un Batman-steampunk), mais là aussi, on pardonne...

Lex Luthor est complètement raté et réussit l'exploit de devenir insupportable dès sa première apparition. Jesse nous fait du sous Heith Ledger mais ne lui arrive pas à l'ongle du gros doigt de pied, c'est assez pathétique, et surtout très gênant. Je l'aime plutôt bien, Jesse, alors je me dis que ce doit être la faute à son rôle, et qu'il a fait du mieux qu'il a pu, alors j'essaie de pardonner, mais j'ai du mal... Et puis c'est dommage de rater à ce point un antagoniste aussi important.

Lois Lane ne sert absolument à rien, c'est dommage de gâcher comme ça un tel personnage, surtout quand il est campé par Amy Adams... Et puis il y a aussi Jeremy Irons, que j'aime beaucoup et qui sait être convainquant dans ses rôles, mais qui ici ne semble pas taillé pour le costume d'Alfred. Alors peut être qu'il souffre la comparaison avec Michael Caine, je ne sais pas, rien de bien grave dans les faits, mais c'est quand même bien dommage. Henry Cavill en fait parfois un peu trop, il agace un peu à force de contracter sa mâchoire comme ça, mais il a l'air de prendre son rôle à cœur et parvient à être convainquant, c'est le principal.

Alors le film essaie de nous faire gentiment avaler tout son gloubi-boulga, un semblant d'enquête se déroule autour de Luthor et on essaie de deviner les enjeux qui se dressent sans réussir à vraiment les comprendre, c'est assez agaçant... Snyder prend son temps pour raconter son histoire mais n'en tire aucun profit, il rythme son film de manière très inégale, s'attarde sur des détails dont on se fout complètement et passe trop rapidement sur d'autres, il enchaîne les maladresses de montage et ne sait absolument pas comment rendre les scènes d'action nocturnes lisibles ; mais bon, l'ensemble se laisse suivre à peu près, on pardonne là où on peut, on arrive à garder son calme et à ne pas s'énerver, c'est déjà ça de pris.

Bon, on a quelques dialogues et punchlines assez débiles, ça frise le n'importe quoi et ça décrédibilise le ton sérieux que le film cherche à se donner.

Et puis on a droit à la scène finale, le cheveu sur la soupe, le truc qui arrive sans prévenir et qui fait que tout les efforts du monde seront complètement vains pour réussir à pardonner la moindre seconde de ce qui se déroule sous nos yeux. On a un gros monstre-méchant qui sort de nulle part, le même que d'habitude d'ailleurs, le fameux Troll-des-cavernes-orc-voldemort-galactus-snoke-michael-jackson-prometheus qui est affreusement moche, qui se prend pour King Kong et qui pète des éclairs à tout bout de champ. Je vous passe l'arrivée complètement ridicule de Wonder Woman avec ses plans taillés pour la promo du film, mais j'avoue avoir décoché un sourire en constatant à quel point il devait être vivifiant de se battre contre la pire des monstruosités en sous vêtements. Le revirement brutal de Batman est tout sauf crédible, les effets lumineux piquent un peu les yeux, et malgré quelques scènes presque sympathiques (des scènes de baston avec Batman), le film devient un ratage si complet qu'il parvient à nous faire oublier le peu de bonnes choses qu'il nous avait fait voir jusqu'ici.

L'introduction des héros de la future Jusice League est trop précipitée, et les producteurs n'y sont certainement pas pour rien, mais diantre, je suis certains qu'ils auraient pu nous présenter ça de manière moins maladroite ; et surtout de manière plus compréhensible pour les néophytes comme moi qui n'y connaissent rien à cet univers.

A part ça, on a Zimmer qui nous fait du sous-Zimmer, ce qui n'est pas étonnant puisque BvS n'est rien d'autre qu'un sous Nolan. Ambiance encore plus lourdement épique, encore plus de paraphrase, presque autant de prétention.

C'est bien dommage de rater à ce point un film qui partait avec un certain potentiel dans son propos, de venir réduire à néant les moindres tentatives de le rendre un poil intelligent avec ces antagonistes si caricaturaux et ce final aberrant... Non pas que BvS eut été un chef-d'oeuvre, mais au moins, il aurait presque pu ressembler à quelque chose de correct.