Netflix était surtout connu pour ses séries TV de qualité, voilà qu'ils se mettent aux longs métrages. Et le moins qu'on puisse dire c'est que le roi de la VOD est ambitieux. On sent que les moyens sont là, c'est carré, bien mis en scène et particulièrement bien joué. Le film met un peu de temps avant de démarrer et nous plonge dans le quotidien de ces villageois. On s'attache rapidement à Agu, l'acteur est extraordinaire. Puis tout s'accélère et on comprend rapidement que Beasts Of No Nation ne nous épargnera rien. C'est froid, clinique, violent. Fukunaga prend un parti pris réaliste et on sent qu'il veut remuer son spectateur. On est parfois proche du documentaire avec énormément de scènes où la caméra colle aux personnages. Heureusement cette dernière sait prendre ses distances et nous livre quelques plans très jolis de l'Afrique. On savait que Fukunaga maîtrisait les fusillades, il nous livre un sans faute ici. Pas de plan séquence de la mort mais une putain d'efficacité. Contrat rempli.
En revanche c'est sur le scénario et le rythme où je trouve que le film aurait pu gagner en efficacité. C'est trop long pour ce que ça raconte et ça aurait mérité quelques coupes ça et là. Y'a pas vraiment de ventre mou comme on voit souvent sur les films de plus de 2h mais un espèce de faux rythme avec un enchaînement de scènes sans vraie montée en puissance. Un bon quart d'heure en moins et ça aurait été plus efficace.
Je reste évidemment sur une appréciation positive et cela confirme les réelles ambitions artistiques de Netflix sur ses programmes. J'étais assez suspicieux à l'annonce de leur première production de long métrage et force est de constater que j'attends la prochaine avec impatience. J'ai pas parlé de la prestation d'Idris Elba vu qu'elle a été saluée, à juste titre, partout.