Pas grand chose à reprocher à ce film si juste et si précis. Patrick Dewaere est impeccable en pianiste dépressif et immature, mélancolique et timide, souvent au bord des larmes ; Ariel Besse et épatante et inquiétante en adolescente nymphomane manipulatrice et consciente de ses charmes naissants. Mais la première qualité du film, c'est sa réalisation qui prend son temps, qui choisit de multiplier les longs plans-séquences filmés à mi-distance de leurs sujets pour laisser agir et parler les personnages, sans parasiter l'intensité de leurs échanges et la pureté de leurs émotions par de pénibles jeux de champs/contre-champs à répétition. Le spectateur s'installe dans le film, dans l'image, dans la musique délicate au piano, dans les intérieurs riches ou dépouillés mais toujours beaux, et se laisse subjuguer par cette histoire d'inceste plutôt sordide au fond, mais dans laquelle la justesse psychologique des personnages fait intelligemment obstacle à tout voyeurisme comme à toute grille de lecture maladroitement moralisante.