Sujet casse-gueule ancré dans son époque. L’intérêt de ce film c’est qu’il a la liberté, le sens de la provoc des années 70, et la maîtrise formelle, froide, et un peu désabusé des années 80. Le fait que se soit ouvertement second degré dilue l’odeur de souffre qui plane sur les débats. Le décalage voulut par l’auteur, fait que c’est carrément drôle par moments. Blier fait un bel objet maîtrisé de A à Z par la mise en scène. Le sujet limite éloge de l’inceste, est écrasé par cette mise en scène sans une anicroche, une photo avec des couleurs vaporeuses toutes droites sorties d’un magazine de mode, des dialogues entre banalité et irréalité, parodique dans le genre théâtre de boulevard intello ou roman de gare pour ado qui sent le désir dans le creux de ses reins. On oublie la situation scabreuse au profit d’un moment de cinéma d’auteur, complice d’un auteur coutumier de ce genre de provocation, et je dirais même que là, il s’est assagit car c’est assez sage. La prestation d’Ariel Besse est assez convaincante vu son âge à l’époque, (15 ans quand même), et ça crée un réel trouble chez le spectateur. Elle tient la route face au professionnel Deweare. Aujourd’hui cela se regarde sans arrière pensée, mais on peut penser que ça ait logiquement choqué à l’époque. Il y a jeu d’équilibriste qui fait qu’on parle plus d’amour que de sexe, sexe que le l’on ne voit pas du tout. Et puis la « victime » c’est l’homme harcelé, pas la gamine, c’est pour ça que c’est drôle. Et une fin qui interpelle un peu comme le reste du film, ça interpelle sans me déranger réellement. Assez culotté, poétique genre Gainsbourg période just’avant Gainsbarre. A voir pour Deweare, Besse, la Baye des débuts.