J'ai eu cette discussion aussi fugace que claire, nette et précise avec une pote que j'essayais de convaincre de rejoindre la grande famille Sens critique et elle m'avait répondu assez franchement "noter une oeuvre, je ne peux et ne veux pas". Bien évidemment, se priver d'un tel site au seul argument de la notation est quelque peu dommage mais cela soulève tout de même quelques interrogations : pourquoi noter ? Comment ? Le barème que l'on veut mettre en place a-t-il une quelconque logique (même interne) ?
Et on en vient à l'oeuvre concernée qui me pose pas mal de problèmes : Before Sunrise est un film très difficile à noter. La question que l'on pourrait me poser tiendrait en un mot : pourquoi ?
Eh bien parce que les premières minutes du couple à l'écran sont assez maladroites, fragiles, bancales (rayez les mentions inutiles) mais n'est-ce pas le propre de chaque début amoureux ? On bafouille, on dit des choses qui nous semblent d'une stupidité sans nom 10 secondes plus tard, on rougit, on répond à côté, on joue encore plus (mal) que d'habitude un rôle que l'on n'a pas eu l'occasion de répéter.
Par la suite, les acteurs trébuchent, se raccrochent aux branches, font preuve de fausse puis de vraie pudeur, rigolent sans qu'il y ait à rire, restent sérieux alors qu'il y aurait au moins à sourire ...
Mais ici encore, n'est-ce pas tout simplement une parfaite démonstration de ce que nous (du moins quelques uns de ce "nous") sommes face au sentiment amoureux qui nous étrangle ?
Comment reprocher ces balbutiements à l'oeuvre de Richard Linklater qui à bien des égards est un film des premières fois, belles mais hasardeuses, inoubliables mais évanescentes ?
Aussi, je pourrais reprocher à Before Sunrise d'être un peu trop verbeux inutilement par moment avec ses théorisations un peu surfaites de l'amour, de l'amitié, de la vie en général. Je devrais probablement m'offusquer devant ce manque de consistance du film. Aussi jolie soit-elle, une petite romance fraîche, jolie mais sans grandiloquence ou attraits particuliers aura du mal à me passionner sur 1h40 lorsque je ne suis pas au centre de la chose.
Mais j'admire la démarche, j'admire ce côté mi-cadré/mi-improvisé, cette part de tricherie totalement sincère qui accompagne les deux amoureux d'une nuit et rien que pour ça, je suis en partie conquis.