Begotten
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Begotten

Film de E. Elias Merhige (1990)

Dès la première minute du film on en est tout de suite persuadé, Begotten va être le film le plus étrange qu'on a encore jamais vu. Et Merhige ne s'en cache d'ailleurs même pas, avec le message d'introduction de son film qui met tout de suite dans le ton : les adeptes de la parole et des mots sont "morts", dans un sens qu'on ne comprend pas très bien. Le message d'introduction est de toute manière compliqué à comprendre, empreint d'un langage très figuré, avec des métaphores à souhait qu'on ne comprend guère, et qui je suppose, peuvent être interprétées comme bon nous semble.



Tout d'abord, on va parler du scénario. Plus qu'original dans son genre, on assiste à la Création, c'est-à-dire la création de la Terre (symbolisée par une femme) et de l'Homme par un Dieu inconnu représenté sous les traits d'un homme en robe, avec un masque étrange, se donnant la mort pour créer tout ceci. Fort intriguant, on assiste ensuite à la Vie symbolisée par la naissance d'un enfant devenant adulte, donnée par Mère Nature, la Terre, la femme. Je ne vais pas vous dévoiler la suite, surtout que le scénario peut être interprété différemment par chaque spectateur, point intéressant du film, où l'on constate qu'en réalité l'histoire est principalement imaginée par le spectateur, et non par Elias Merhige.

Déjà cité dans la description du film, je me permets quand même de le dire : le film ne contient aucun dialogue. Non, vraiment, aucun. Les seuls sons que nous pouvons apprécier sont les bruits d'ambiance, mais aussi les quelques musiques (trop rares à mon goût, puisque très belles, mais hélas très basiques, et un peu étranges) qui accompagnent quelque peu la dernière moitié du film. Amateurs de citations de films en tout genre, vous ne trouverez pas votre bonheur avec Begotten. Et ce n'est pas un mal, car le film n'a aucunement besoin de dialogue, et de plus, les dialogues détruiraient le film à coup sûr.

En parlant des dialogues inexistants, qu'en est-il, alors, du jeu d'acteur ? Je ne pense pas que le jeu d'acteur soit mauvais, mais on ne peut indéniablement pas dire qu'il soit bon. Tout repose sur l'attitude, et sur la sorte de transe qui semble habiter chaque protagoniste du film. Ainsi, je ne pense pas que simuler des spasmes ou avoir l'air de marcher sans but précis demande un énorme talent d'acteur, ni même de sortir du Conservatoire National supérieur d´Art Dramatique de Paris. Ce point est donc ni négatif, ni positif.


Seulement, le film n'est pas un chef d'œuvre non plus, loin de là. Et surtout tout d'abord parce que Begotten, c'est comme les saucisses au réveil, on aime ou n'aime pas (et m'est avis que plus de monde n'aime pas).

On notera aussi l'effet sursaturé, en noir et blanc, surpassant même les vidéos de paranormal les plus ahurissantes du net, et qui pour beaucoup de personnes rendent le film irregardable. Pour ma part je ne m'en plains pas, je trouve que cela donne une autre dimension au film, bien qu'il faut admettre qu'il faut tout de même un léger temps d'adaptation, et que certaines scènes sont absolument incompréhensibles si on ne les regarde pas plusieurs fois à cause de la qualité affreuse.

Enfin, je vais clôturer cette deuxième partie avec le plus gros point noir du film : la longueur. Le film ne dure qu'une heure et huit minutes, et pourtant on s'ennuie à mourir sur un bon nombre de scènes. L'ensemble est très bien, ne vous y méprenez pas, mais si l'on prend le film scène par scène, vous allez littéralement crever d'ennui, et dix petites minutes vous sembleront des heures entières. Donc un dernier conseil, dormez avant et munissez-vous d'une grande cafetière avec du café bien serré, sinon vous ne tiendrez pas.



En conclusion, Begotten est un ovni dans le milieu du cinéma, anéanti par la presse et par bon nombre de personnes, et ce n'est donc pas une nécessité de l'avoir vu, cela ne vous apportant d'ailleurs sans doute rien à vos discussions entre amis cinéphiles. Cependant, si vous avez l'occasion de le voir, pourquoi ne pas vous laisser tenter ? Peut-être que vous adorerez.
SergeGainsbourg
6
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le 28 avr. 2011

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SergeGainsbourg

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