Ben Hur est l'un des plus grands peplums du cinéma. Ca c'est dit.
Ben Hur est également un des plus grands films du cinéma, hors de tout genre ou catégorie, et ce bien sûr à mon avis.
C'est en tout cas un des films vers lequel je me tourne toujours en cas de dèche, quand je n'ai envie de rien, quand il passe à la télé, quand je n'ai rien à faire et que je n'ai pas d'idée.
Un bouche trou? Pas vraiment, plutôt un film si empli de ce qui est bel et bon que j'éprouve toujours du plaisir à le voir.


William Wiler n'est pas un habitué dans grands barnum cinématographiques, il est plutôt spécialiste des comédies dramatiques, des films d'ambiance aux personnages complexes.
Il apporte ce savoir-faire à "Ben Hur" donnant toute son attention aux personnages avant de s'intéresser à la grosse cavalerie des effets spéciaux et autre scènes gigantesques.
Ce qui ne veut pas dire qu'il patauge quand il doit faire du grand spectacle. J'en veux pour preuve une excellente bataille navale, qu'il filme intelligemment de l'intérieur des bateaux plutôt que de l'extérieur (on voit quand même bien les maquettes flottant dans une bassine) rythmée par le tambour dirigeants les rameurs, tambour qui sert de battement de coeur à une scène d'une grande intensité. J'en veux pour preuve également, la légendaire course de char (souvent imitée, jamais égalée), d'une tension et d'un virtuosité exceptionnelle. Wyler arrive à rentre ce foutoir compréhensible, un tour de force.
Dans les deux scènes, il insuffle également le souci des personnages et de leur histoire encore une fois, rendant ces scènes grandioses pleine de sens, un sens qui donne encore plus relief et d'enjeux à ses scènes.


Wyler est clairement le grand artisan de cette réussite du genre et du cinéma.
Ses petites mains ou acteurs en ce cas précis sont à féliciter également.
Le casting est étincelant de charisme et de talent.
Charlton Heston trouve là l'un de ses meilleurs rôles, si ce n'est le meilleur en tout cas l'un des plus complexes. Etre amour et haine des autres, son Judah Ben Hur tombe et se relève avec prestance, charisme et vulnérabilité (c'est Charlton tout de même. Il en jette!)
Il trouve en Stephen Boyd un antagoniste de premier choix qui lui vole presque la vedette. Boyd, magnifique acteur britannique, construit un Messala trouble et ambigu à souhait, à l'âme noire mais désespérée et aux desseins contrariés, jusqu'à sa dernière scène après la course où il explose tout les compteurs tant son intensité est maîtrisée. C'est ma scène préférée.
On trouve en arrière plan Jack Hawkins, excellent en Quintus Arius, homme dur mais juste; Hugh Griffith campe un flamboyant et adorable Sheikh Iderim, amoureux des chevaux, au sourire carnassier et à l'âme pure; la charmante Haya Harareet dans le rôle un peu ingrat de l'amoureuse transie, Esther. Le reste du casting réunie Martha Scott, Franck Thring (bon Ponce Pilate) et Finlay Currie entre autres.


Wyler traite également avec justesse et délicatesse l'aspect religieux du film. La naissance du christianisme est le filigrane de cette histoire, le passage d'une religion juive au dieu vengeur à une religion chrétienne basée sur le pardon. Judah passe d'un désir de vengeance (très justifié à mon avis) au pardon de l'autre et de lui-même. C'est ce pardon accordé par Dieu mais aussi et surtout par lui même qui guérit sa mère et sa soeur de la lèpre dans une très belle scène en clair obscur.
Wyler filme donc avec retenue également son Jesus Christ. Son Jésus est plus proche de l'image d'Epinal que de la possible réalité avec son magnifique brushing blond mais comme il le filme comme une icône, cela n'est pas gênant. Jamais son visage ne sera visible et son impact d'autant plus fort que ce sont les autres qui le feront ressentir, notamment Heston en Judah, transfiguré par leurs rencontres.
La scène de la Passion et la crucifixion sont fidèles à l'évangile mais travaillées dans l'histoire de Ben Hur, le film prenant presque une ambiance fantastique et les images parlant d'elle mêmes quant à l'impact de la mort de Jésus. (Qu'on soit croyant ou pas, les métaphores sont tangibles et dans le cadre du film, on y croit).
L'auteur du roman original était extrêmement croyant, son Ben Hur est une histoire du Christ avant d'être l'histoire de Judah Ben Hur. Le film de Wyler garde cette épine dorsale mais se recentre sur Ben Hur, rendant l'histoire plus parlante et moins didactique (moins pontifiante aussi).


"Ben Hur" est un peplum, un film d'aventures, un drame psychologique, un grand spectacle et une étude de l'âme humaine.
C'est la convergence de tant de talents à un instant T que ça tient du miracle (pour rester dans la religion). Il aurait pu être enfermé dans une morale, il aurait pu être tout en action et rien dans le coeur ou au contraire trop psychologique et mou sans rebondissement.
Wyler, et j'en reviens à lui, a fournit un chef d'oeuvre, à part dans sa filmographie (bien fournie en petite merveilles), et je l'en remercie.


Ben Hur est n° 8 dans mon Top 10.

Anilegna
10
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le 12 oct. 2018

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Anilegna

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