Benedetta: Blasphème, Croyances et Châtiments!

85eme film de l'année et découverte de la nouvelle œuvre sulfureuse de Verhoeven qui crispera quelques personnes à n'en point douter!!

Au 17ème siècle, alors que la peste se propage en Italie, la très jeune Benedetta Carlini rejoint le couvent de Pescia en Toscane. Dès son plus jeune âge, Benedetta est capable de faire des miracles et sa présence au sein de sa nouvelle communauté va changer bien des choses dans la vie des sœurs.

Je préfère le dire en préambule mais concrètement si certains ne connaissent pas le cinéma de Verhoeven (Show girls, Elle, Basic Instinct, Starship Troopers par exemple), et s'attendent de voir l'histoire d'une nonne classique dans le 17eme siècle en Italie, ils risquent d'être vite surpris voir plus si ceux-ci sont croyants. Ce n'est probablement pas un film que vous apprécierez.

N'étant pas croyant, cela ne m'a pas dérangé mais certains scènes ou gestes subversifs laisseront les croyants les plus assidus interloqués (une certaine chose transformée en une autre bien loin de sa valeur symbolique ou encore la représentation de quelqu'un dans des situations déroutantes par exemple pour ne pas en dire plus).

L'histoire mise en scène, tirée de faits réels jusqu'à une certaine mesure, s'appuie sur le voyeurisme, la nudité et la provocation, le but étant pour l'auteur de démontrer la cupidité, la malice voire côté très calculateur de l'Eglise et des hommes qui la composent bien loin de toute considération religieuse mais emplie d'un désir de pouvoir corruptible, de reconnaissance, le tout baigné dans un rapport homme/femme très inégal bien loin de ce que la société établit de nos jours comme sain, avec la complicité d'une foule crédule, manipulable à souhaits dont il est facile d'assoir dessus son autorité.

A si méprendre, avec ce métrage, nous avons la représentation des 7 péchés capitaux :
- la luxure et la gourmandise avec Benedetta et Bartolomea
- l'envie et l'orgueil avec la volonté des hommes d'Eglise d'être connus
- la colère de la foule
- l'avarice du cardinal
- la paresse de Félicita

Si le message est intéressant (le pouvoir des hommes d'église n'est qu'un pouvoir de contrôle des masses crédules se laissant facilement manipuler et corrompre par un individu ayant un certain niveau de connaissances, bien loin des nobles intentions telle que l'aide au peuple qu'ils se parent en public), la mise en forme se fait un peu désirer.

En effet, étant celle-ci n'est pas très finement faite se contentant d'être très crue, brute voire grossière à certains endroits comme si le but premier était de choquer, le reste du message, n'étant qu'accessoire et peu développé, passant en second plan.

Au niveau de la construction des personnages, malgré la qualité des interprètes, j'ai trouvé que ces derniers ne sortaient que très peu du personnage fonction type et manquait de nuances voire de relief (essentiellement pour la gent masculine).

Je n'ai pas grand chose à redire concernant l'interprétation du casting, Virginie Efira s'en sortant globalement bien que ce soit dans les moments intimes, d'exaltation ou encore de folie tandis que Charlotte Rampling est toujours bien comme à son habitude.

Au niveau visuel, il est appréciable que le métrage ait été tourné dans de vrais décors pour la plus grande partie de ces plans, renforçant le cachet de ce dernier.

Cependant, malgré la qualité des costumes et accessoires, la direction artistique se foire lorsqu'il s'agit d'utiliser de la 3D ou encore avec certaines scènes qu'on dirait tout droit sortie d'un nanar indien que Bollywood fait à la pelle (sans faire offense à ceux qui apprécient).

La partie sonore étant juste correct que ce soit le bruitage, effets sonores (les possessions d'Efira étant traitées comme sortant d'un film d'horreur) ou encore avec une BO faisant le travail.

Au final, c'est un film qui se laisse voir, à condition de ne pas être croyant ou sinon assez tolérant, mais qui n'est pas sans défauts, l'histoire n'étant pas particulièrement prenante -bien que tirée de faits réels- portée néanmoins par un bon casting qui réussit à faire vivre des personnages dont le champ des possibles n'est que peu développé, le tout dans une enveloppe plus ou moins inspirée à certains moments.

J'ai tout de même apprécié le film mais il ne marquera pas ma cinéphilie.

A découvrir pour les curieux et les fans.