Beyond the Black Rainbow n'est pas le genre de film dans lequel on se lance lorsqu'on ne sait pas trop quoi regarder, pour passer la soirée tranquillement. Il s'agit d'une expérience visuelle et sonore assez unique, induisant une atmosphère plutôt indescriptible. Peut-être que Beyond the Black Rainbow peut trouver son public, d'ailleurs le film divise et a donc son lot de fans, mais ce qui est sûr, c'est que ça ne prendra pas avec tout le monde.
De même que pour l'atmosphère, le scénario est également difficile à décrire ou résumer. Il s'agit d'installer un cadre assez mystérieux, horrifique et onirique (ou plutôt cauchemardesque) dans lequel les personnages évoluent, sans vraiment que l'on puisse véritablement saisir leurs relations et leurs objectifs.
Le première chose frappante, c'est l'utilisation des couleurs. Souvent criardes et unies, elles offrent une image hallucinatoire, surtout quand les filtres sont alliés à des variations de contraste et de luminosité, comme dans la séquence en noir et blanc - surtout en blanc - au milieu du film, qui est pour moi le passage le plus captivant.
Car le problème avec ce film, c'est qu'il n'est généralement pas captivant du tout. Il traîne en longueur, si bien que 2001, en comparaison, paraît presque frénétique. Certaines scènes déjà très lentes en temps normal sont en plus tournées au ralenti. Pour certains, ça sera hypnotisant, pour d'autres, ça sera juste chiant. J'ai plusieurs fois manqué de m'endormir, et ce n'est franchement pas dans mes habitudes.
Il faut bien reconnaître que Beyond the Black Rainbow a tout de même de grandes qualités, à commencer par la musique, digne d'un Carpenter, qui colle parfaitement au style giallo du film. Les acteurs, et notamment l'antagoniste interprété par Michael J. Rogers, se fondent parfaitement dans l'atmosphère pourtant si particulière du film.
Cependant, il faut tout de même souligner la fin ridicule de cet antagoniste. Alors que le film confirme ses influences giallo et offre des morts sanglantes et esthétisées, la mort de l'antagoniste est assez bête et terre à terre, alors que je m'attendais à quelque chose de plus spectaculaire, ou qui en tout cas collerait mieux au reste du film.
Beyond the Black Rainbow est un film aux ambitions louables, à l'esthétique singulière, mais qui est soit trop, soit pas assez abouti, si bien que le film n'arrive pas vraiment à trouver un équilibre. Sous bien des aspects, Beyond the Black Rainbow me rappelle beaucoup L'Étrange Couleur des Larmes de ton Corps, avec une ambiance similaire et tout aussi hermétique. D'art et d'essai, mais malheureusement, surtout d'essai.