Les frères Cohen font un joli cadeau à leur ami Clooney en lui distillant un scénario bien de leur cru pour servir de contexte à un film plus politique qu’il n’y paraît.
Pourtant on a par moment l’étrange impression de voir deux lignes directrices, deux histoires, qui ne parviennent jamais à se rencontrer ; et c’est d’autant plus flagrant que chacune d’elle ressemble à son mentor. On a donc d’un côté le scénario des frères Cohen avec une galerie de personnages pittoresques sur fond d’arnaque. Et de l’autre une famille noire venue s’installer dans une communauté blanche aux airs racistes. Le truc c’est que tout ça est un peu mou, autant du côté des scénaristes que du réalisateur ; tout est attendu et assez paresseux ce qui fait que le film se fait finalement sans grande surprise.
Pourquoi donc ne pas lier les deux histoires, autre que par le mince filet d’une amitié enfantine. Bien évidemment la comparaison entre les deux histoires se fait sentir car Clooney n’hésite pas à bien contrebalancer avec une bande de blanc, bien ancrée dans la ville, qui incarne plus le visage du mal que ses nouveaux venus, gentils sous tout rapport.
Le contexte politique des violences policières ces derniers temps à de quoi cristalliser toute une révolte de la part des cinéastes, mais Clooney nous ressort une histoire déjà-vu et sans grand pouvoir dramatique. Peut-être parce que le scénario des frères Cohen, sagement resté dans les fonds de tiroirs pendant des années, a été accolé à un contexte politique qu’ils n’avaient pas prévu.
Bienvenue à Suburbicon, malgré tout cela garde la patte de chacun, ce qui nous fait passer un moment agréable mais pas mémorable.