Bienvenue à Zombieland par busterlewis
Ces dernières années, le film de zombie est clairement revenu à la mode. Romero, le dieu du genre, qui avait ouvert la voix en 1968, peut admirer aujourd’hui une belle descendance et également un regain de créativité.
Désormais, les zombies ne sont plus des êtres lents aux bras tendus et aux yeux exorbités. On peut les voir courir ou prendre des formes variées (comme dans 28 jours plus tard ou ce sont des « contaminés », sorte de dérivés des zombies). On peut les voir enchaînés et domestiqués par l’homme dans Fido. Enfin, on peut les voir sans avoir peur grâce au cultissime Shaun of the dead qui a complètement révolutionné le genre. Et oui, avec ce film, on a appris à rire des zombies ! On leur a lancé des vinyles dans la tête.
Alors, Bienvenue à Zombieland arrive lui aussi comme une petite pépite. Il ne tente pas de surpasser ses petits camarades mais apporte une savoureuse dose de nouveauté et se place clairement dans le sillon de Shaun of the dead (le réalisateur avoue s’en être inspiré). Oui, le monde est devenu un bourbier, les zombies règnent en maître, mais on peut quand même se payer une bonne tranche de rires !
Le concept du film est très simple. Un petit trouillard nerd et solitaire appelé Colombus (Jesse Eisenberg) croise la route d’un autre survivant qui lui est vraiment en mode survivor. Les zombies, il en tous les matins au p’tit dej’ et il s’appelle Tallahassee (l’excellent Woody Harrelson). Dans leur traversée du territoire américain tout aussi désert mais moins sombre que dans La route, le nerd et le cinglé croiseront le chemin de deux sœurs plus malignes qu’eux (incarnées par Abigail Breslin, la jeune fille de Little miss sunshine, et Emma Stone). S’en suit un road movie zombiesque. Ils se querellent puis finissent par s’apprécier et se porter secours.
Bienvenue à Zombieland qui se considère comme une comédie, joue donc la carte de l’insolite, du décalé. Ainsi, plusieurs séquences sont particulièrement tordantes à commencer par l’extraordinaire séquence d’ouverture qui à elle seule vaut le détour. Un générique tout en beauté qui annonce fièrement le programme. On va dessouder du zombie, leur en foutre plein la tronche et ça fera un bien fou.
Si le duo féminin du film est parfaitement joué par les deux actrices, il n’en demeure pas moins nettement moins intéressant que les deux comparses masculins. Colombus et Tallahassee ont une véritable personnalité, un vrai style et ce, parce que les acteurs qui les incarnent ont une « gueule », une dégaine particulière. Le frêle Jesse Eisenberg avec ses cheveux bouclés et son air de puceau incarne à la perfection cet asocial qui n’a jamais séduit quiconque. Une petite poule mouillée qui a mis au point toute une série de règles de survie qui alimentent le film et nos rires. Woody Harrelson lui est une vraie gueule de cinéma. Il suffit de se remémorer Tueurs nés pour s’en convaincre ou encore No country for old men des frères Coen. Jouer les dingues et les marginaux, c’est son rayon.
Et le savoureux décalage entre Tallahassee l’excentrique et Colombus le peureux fonctionne à merveille. L’un se couvre de règles tandis que l’autre jouit de la liberté acquise de pouvoir tuer, détruire, exploser tout ce dont il a envie.
Bienvenue à Zombieland possède une structure simple, une petite durée (1h30) mais son charme tient à ses trouvailles (les règles de Colombus, le caméo d’un acteur plus que célèbre qui sait se moquer de lui-même et la façon de tuer les zombies). Le réalisateur se saisit de la diversité du sujet pour y apporter ses innovations.
Cela marche tellement bien qu’un second opus est déjà sur les rails.