En sortant de la salle de cinéma, j’ai voulu vous dessiner cet article, l’esquisser, y mettre de la couleur, et ajouter encore quelques touches. Il faut dire qu’avec Big Eyes, Tim Burton nous plonge directement dans l’atelier de Margaret Keane, peintre tout aussi excentrique dans son art que Burton ne l’est. Nous découvrons alors avec stupeur l’incroyable histoire du couple Keane.
Sans pour autant aller jusqu’au bout de son propos, malheureusement, Tim Burton touche du doigt des thèmes fascinants. Dans les personnages de Margaret et Walter se confrontent deux idées de l’art : celui qui plaît parce qu’il touche le spectateur, et celui qu’on achète parce que c’est « le bon moment, au bon endroit ». Autant dire que romantisme et société de consommation ne font pas bon ménage !
Si la transformation du personnage de Margaret est toute aussi subtile que remarquable, l’interprétation exubérante de Walter par Christoph Waltz manque de crédibilité. Burton aurait-il eu du mal à se décider entre absurde et réalisme ?
Pour autant sa réalisation est incroyablement esthétique et colorée. Elle joue sur les symétries et le spectateur averti comptera d’innombrables clins d’œil aux réalisations « burtonesques » précédentes comme à celles d’autres artistes, puisqu’il faut bien les nommer ainsi.