En comparaison de Big Fish et Charlie et la chocolaterie, Big Eyes apparaît comme un film plus intime, un peu comme une introspection. Ce qui ressortait le plus du film pour moi, c'est la question (ô combien difficile) du jugement en art. Malgré son succès, ses films sont-ils pour autant des chefs d'œuvres ? Sont-ils des croûtes adulées à injuste titre ? Les critiques reprochant qu'une œuvre est trop commune (comme j'en ai vu par rapport à ce film) alors qu'un public composé d'individus lambdas l'ovationne ne serait-il pas une preuve du snobisme en art ? En effet, pour moi, le critique du Times incarne les détracteurs de Tim Burton. Mais dans ce cas, la réponse qu'il leur adresserait à travers son personnage serait bien médiocre car Keane devient la risée du milieu de mondain new-yorkais (s'il ne l'était pas déjà) après, arrêtant de raisonner, avoir tenté d'empaler le critique, certes détestable, sur une fourchette. Que de chefs d'œuvres (peut-être comme ce film, on ne sait pas encore) sont boudés car trop innovants, le public lui préférant des croûtes sans aucune originalité pour ne pas sortir de ses habitudes. J'ai cru d'ailleurs entrevoir une critique du monde de l'art, trop médiatisé, monétisé et guidé par des modes décidées par des prétendus esthètes. De nos jours, l'artiste ne doit plus vendre ses œuvres mais sa personnalité, son charisme.
Doit-on privilégier le ressenti ou la technique dans une œuvre ? Etre virtuose mène-t-il vraiment à des chefs d'œuvres ?
Big Eyes est certainement le film de Time Burton le plus accessible que j'ai vu, contrairement à Big Fish (j'ai d'ailleurs remarqué que les deux titres se ressemblent, peut-être parce que les films sont en quelque sorte des antagonismes). C'est peut-être pour cette raison que beaucoup se plaignent, car trop habitués à des réalisations plus élitistes. Peut-être ce film est-il révélateur d'une remise en question de ses principes par Burton, qui cherche à évoluer vers un nouveau style, un peu comme Margaret qui doit se réinventer pour pouvoir revendiquer des tableaux qui lui soient propres.
Néanmoins, Tim Burton semble affirmer qu'il n'a pourtant aucun regret quant à sa carrière passée, comme Walter Keane.
Beaucoup de questions donc, avec la réponse dans le prochain film de Tim Burton j'espère.

Marinière
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le 22 avr. 2015

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