Dans le RER, plusieurs personnages s'enferment dans leur bulle à l'aide de leur téléphone, Ipod, livre,... et livrent leurs pensées, sentiments en voix off au spectateur dans une longue séquence d'introduction. Dès cette scène, le ton du film et, malheureusement, ses défauts sont donnés. Difficile en effet de ne pas être rapidement ennuyé par ce long enfilage de lieux communs au sous-texte écrasant sur l'incommunicabilité des êtres vivants. Malheureusement, le film de Pascale Ferran peinera à dépasser ce stade de l'anecdotique et il apparaît difficile, en fin de séance, de comprendre ce qui a pu pousser la cinéaste, pourtant rare, à consacrer autant de temps à un film qui semble aussi creux.
Bird People est ainsi très nettement divisé en deux parties : la première, « Gary », suit un homme à la quarantaine fraîche qui décide de tout plaquer, famille et boulot, pour reprendre le contrôle sur sa vie dans laquelle il se sent étouffer et dans laquelle il ne parvient plus à s'épanouir. Si le postulat de départ de cette partie semblait intéressant, force est de constater que l'on se retrouve face à une longue partie (près d'une heure) qui ne parvient pas à s'affranchir de cette idée de base. Ainsi, rapidement, le scénario se révèle extrêmement lourd avec cette discussion par écran interposés entre le mari et sa future ex-compagne où les dialogues apparaissent téléphonés et cousus de fil blanc. Ce n'est pas les longs plans sensés être contemplatifs qui changeront la donne. Le problème de ce premier acte est de ressembler à ce qu'il prétend dénoncer. A travers une critique, somme toute très juste, de la société actuelle à travers le monde du travail et de l'entreprise où tout n'est que futilité, entre réunionite aiguë et isolement des êtres humains qui se retrouvent obligés de quitter femmes et enfants pour faire le tour du monde pour s'apercevoir que tout ce mouvement ne les mène à rien et ne les rend tout simplement pas heureux, Ferran livre un film qui apparaît tout aussi futile et creux que le monde qu'il dépeint. On se croirait face au pire de Sofia Coppola (on pense notamment à Somewhere qui souffre des mêmes défauts), le pire étant atteint avec l'apparition impromptue d'une voix off narrée par Matthieu Amalric, qui semble plus là pour combler les carences de mise en scène qu'autre chose. Il y avait sans doute moyen de faire quelque chose de plus subtil et léger dans l'écriture.
A ce moment du film, difficile de voir ce qui pourrait le sauver. Mais la seconde partie, « Audrey », centrée sur le personnage d'Anaïs Demoustier, qui confirme tout le bien que l'on peut penser d'elle, se révèle surprenante par son approche légèrement fantastique et par ce personnage d'Audrey, fille de chambre rêveuse et solitaire. Sans dévoiler le sort réservé à ce personnage, on perçoit dans cette partie la légèreté et la fraîcheur qui faisaient cruellement défaut à la première. Aussi, Pascale Ferran nous offre quelques scènes mémorables et très belles : la rencontre avec le dessinateur asiatique d'aquarelles et la rencontre finale et Audrey et Gary. Toutefois, cela semble peu pour rendre les deux heures de film vraiment intéressante. On se croirait face à deux idées de court-métrages assemblées pour faire un long. Finalement, seule la deuxième idée aurait méritée un court de 30 min. Malgré tout, les meilleurs scènes étant placées à la fin, on sort de la salle avec un bon souvenir en tête, en se surprenant même à sourire à certaines scènes.