Avant le grandiloquent The Revenant, il y a donc eu le pensum Birdman. Afin de se prémunir contre toute éventuelle critique négative après l’accueil tiède réservé à l’indigent Biutiful, le Mexicain Alejandro González Iñárritu a pris le soin d’intégrer une petite citation de Flaubert dans Birdman : « On fait de la critique quand on ne peut pas faire de l’art. » Bonne manière de s’autoproclamer artiste entre les lignes, en ayant l’air de ne pas y toucher. Mais en y regardant de près, on constate que la seule idée de mise en scène d’Iñárritu repose sur un travelling interminable faisant office de plan-séquence unique. Iñárritu a pensé que l’hystérie débraillée de ses acteurs jouant… des acteurs (attention, mise en abîme du monde détraqué du cinéma et du théâtre) serait un formidable contrepoint à la fluidité de sa « trouvaille » technique. Pourquoi pas. Problème : la taille des chevilles d’Iñárritu a toujours été proportionnelle à l’artificialité de ses procédés. Résultat : on s’endort.