Amérique raciste, événements de Charlottesville, Virginia, propos de Trump. Voilà ce que veut dénoncer BlacKkKlansman. Et c'est ce que le film fait dans un pré-générique. Le problème est qu'avant ce final, Spike Lee ne nous présente qu'un produit cinématographique moyen, qui plus est en décalage de ton avec la dureté de cette fin, faite d'extraits vidéos chocs des événements cités précédemment (dont une partie reconstituée).
Le scénario de BlacKkKlansman est faible et manque cruellement de rebondissements, de suspense, ou de questionnements. Les personnages - pour peu qu'on s'intéresse à eux - ne courent presque jamais aucun risque: il est par exemple assez extraordinaire que personne n'ai l'idée de fouiller Flip une seule fois pour vérifier qu'il ne porte pas de micro. Quand au personnage de Ron, le fait qu'il obtienne sa "révélation" au bout de 30mn de film le rend absolument plat; aussi plat de sa relation avec Patrice... Les dialogues durent parfois un temps fou sans pour autant faire avancer l'action. Même l'ironie dramatique parfois utilisée ne parvient à faire monter un temps soit peu la sauce...
Avec son auto-dérision et sa satire, malgré le propos très dur du film, on a du mal à véritablement tomber dans l'empathie et à vouloir nous aussi nous révolter contre le racisme et la ségrégation. Alors lorsque tout a coup les événements de Charlottesvilles nous balancés à la figure, ils contrastent certes mais bien trop avec le ton du film, ce qui a pour effet de rendre le film encore moins bon. Finalement, on n'en retient que la fin, que ces images que l'on peut retrouver sur youtube. Et la musique, peut-être.
Un ton proche de la comédie noire sérieuse, et un scénario plus construit avec des personnages complexes auraient sans doute aidé à rendre BlacKkKlansman rythmé et intéressant, et à souligner avec encore plus de force le propos final de Spike Lee.