Hormis son dispensable remake d’Old Boy en 2013, cela fait plus de dix ans maintenant que les films de Spike Lee peinent à se frayer un chemin chez nous passant – au mieux des cas- par les cases DTV (Miracle à Santa Anna), VOD ( Da Sweet Blood of Jesus ) ou SVOD (Chi-Raq, disponible sur Amazon Prime). Il aura fallu une sélection au Festival de Cannes et un sujet forcément très politique (l’infiltration du Ku Klux Klan par un policier noir dans l’Amérique des années 70) pour que l’ami Spike retrouve enfin un podium à sa hauteur. Et dans un sens on peut « remercier » Donald Trump dans la mesure où son arrivée à la Maison Blanche, sa complaisance vis-à-vis d’une certaine Amérique raciste, réac et violente ainsi que son mépris affiché pour l’industrie du spectacle auront allumé un certain nombre de mèches dont BlacKkKlansman n’est que l’un des portes étendards. Il aura donc fallu l’accès au pouvoir de ce que l’Amérique peut produire de pire pour provoquer l’ire hollywoodienne et réveiller le bulldog Spike Lee dont le mordant n’est pas plus à prouver ! Mordant mais pas haineux pour autant, car si Lee tire à boulets rouges sur l’Amérique trumpienne c’est avec la malice du sale gosse beaucoup trop heureux de défier l’autorité en lui dressant un subtil majeur. Car aussi subversif et frontal soit-il, BlacKkKlansman reste avant tout une satire qui démontre par l’absurde les dérives d’un pays qui ne sait décidément pas tirer les leçons de son passé. Taquin comme jamais, le cinéaste multiplie les références et sous-entendus plus ou moins subtiles, s’amuse autant qu’il s’indigne pour au final décocher un certain nombre de piques bien senties avec l’acuité d’un sniper gonflé à bloc ! Et alors qu’on aurait pu craindre qu’il se complaise dans un discours et une mise en scène forme beaucoup trop démonstratifs, il instille à son propos quelque chose de beaucoup plus subtile, revenant aux sources de la blaxsploitation dont il détourne allégrement les codes pour en faire un objet politique particulièrement virulent . Car là où son film se révèle percutant c’est dans sa manière de décrypter l’endoctrinement et le champ lexical de la haine. Comment crée-t-on un soldat politique et au nom de quoi légitime-t-on son action ? Voilà toute la subtilité du propos de BlacKkKlansman qui par le truchement du passé décortique la machine électorale trumpienne ou comment tendre à l’Amérique d’aujourd’hui un terrifiant miroir. [Lire la suite]

IlanFerry
8
Écrit par

Créée

le 24 août 2018

Critique lue 199 fois

IlanFerry

Écrit par

Critique lue 199 fois

D'autres avis sur BlacKkKlansman - J'ai infiltré le Ku Klux Klan

Du même critique

Welcome to New York
IlanFerry
3

Welcome to New York : excusez le, il sort de la douche !

Lorsque l’affaire DSK éclata en 2011, elle fit l’effet d’une véritable bombe dans le monde politique mettant ainsi en lumière le mode de vie dissolue d’un homme que beaucoup voyaient déjà comme le...

le 18 mai 2014

24 j'aime

Transformers - L'Âge de l'extinction
IlanFerry
7

Copie non conforme (Cinevibe.fr)

Michael Bay a réalisé un bon film… une phrase qui peut paraître étrange surtout de la part d’un rédacteur qui n’a pas caché sa déception pour Transformers 2&3 (cf. critique) plaçant même ce dernier...

le 7 juil. 2014

23 j'aime

1

Jack Reacher
IlanFerry
5

Badass n'est pas Tom Cruise !

Il est beau, il est pas très grand mais il est fort… lui c’est Tom Cruise, la star des stars, l’acteur que s’il se risquait à un exil fiscal c’est le pays tout entier qui s’exilerait avec lui ! Dans...

le 25 déc. 2012

13 j'aime