Welcome to New York : excusez le, il sort de la douche !

Lorsque l’affaire DSK éclata en 2011, elle fit l’effet d’une véritable bombe dans le monde politique mettant ainsi en lumière le mode de vie dissolue d’un homme que beaucoup voyaient déjà comme le nouveau Président de la République. De quoi forcément intéresser Abel Ferrara, lui qui par le passé, parvint si bien à étudier le rapport entre pouvoir et sexe pour en faire une composante essentielle de son cinéma. Aujourd’hui, le papa de Bad Lieutenant revient jouer les apôtres de la déliquescence en compagnie d’un autre mouton noir du 7eme art : Gérard Depardieu. Cinéaste de la déchéance morale et physique, Ferrara était l’homme idéal pour rendre cette descente aux enfers aussi amorale et décadente que possible. Et quel meilleur choix que celui de Gérard Depardieu, ex monstre sacré du cinéma français devenu par la force des choses une figure rabelaisienne tour à tour moquée, prise en pitié quand elle n’est pas ouvertement méprisé ? Ferrara + Depardieu + DSK, l’équation était trop belle pour être vraie, recelant en son sein un lot de promesses ne pouvant amener qu’à deux alternatives : l’œuvre de la rédemption ou le nanar absolu. Malheureusement à trop s’imprégner de certaines effluves c’est sur le rivage nanardesque que Welcome to New York finit par échouer. Il faut dire que le film démarre sur les chapeaux de roue : Gégé, face à des journalistes, explique en deux mots comment il va aborder son personnage. Attention, mise en abyme ! Passé un générique ironique mettant en avant la toute puissance du dieu dollar, le film nous présente un simili DSK, entouré d’assistantes entreprenantes transformant une réunion en véritable orgie. Le ton est donné mais un doute émerge : Abel Ferrara serait-il le prête nom de Marc Dorcel, pape du X français ? On serait tenté de le penser tant le reste du métrage semble faire fi de toutes considérations techniques pour mieux se complaire dans le porno soft mais pas chic. Il suffit de voir notre Gégé national éructer en plein acte pour comprendre qu’on est ici devant un film autre, une sorte d’œuvre dadaïste confondant crudité avec vulgarité.al éclairé (ah cette balance des blancs effectuée en plein milieu d’une scène), souvent interprété de façon approximative, Welcome to New York et sa parenté plus qu’assumée avec l’affaire DSK sert clairement de prétexte au duo Ferrara/Depardieu pour se faire les apôtres d’une certaine décadence. Non pas celle de Devereaux (Gérard Depardieu) dont la nymphomanie est abordée ici avec la subtilité d’un rugbyman totalement bourré, mais bien la leur à travers une série de regards caméras appuyés semblant dresser un bon gros majeur aux. Trop conscient de lui même, le film se perd dans les effets de miroirs fumeux et se fait malgré lui le chantre d’un hédonisme triste sacrifiant tous ses atouts sur l’autel de la démonstration pure.

Paradoxalement, Welcome to New York, est un film qui manque de couilles, Ferrara préférant filmer le monstre de cinéma qu’il a crée sous toutes les coutures et de la façon la plus craspec possible plutôt que de proposer un vrair point de vue. En témoigne une seconde partie incroyablement verbeuse et répétitive qui enquille les lieux communs. Reste dans tout ce marasme, la présence d’un Gérard Depardieu dont l’interprétation outrancière et caricaturale a ceci de fascinante qu’elle confère quasiment à la performance, le comédien ne reculant ici devant rien pour surligner l’avilissement de son personnage. D’un naturel confondant, il campe avec une conviction totalement bluffant un homme profondément malade et prisonnier de ses pulsions. A travers Deveraux, c’est à sa propre introspection que l’acteur procède assumant aussi sa bien sa monstruosité que celle de son alter ego cinématographique. Un sens du dévouement que Ferrara n’utilisera jamais à bon escient si ce n’est lors d’un monologue final assez beau. Malheureusement, la roublardise de l’entreprise aura tôt fait de totalement décrédibiliser la performance de Depardieu. Lors de la conférence de prsse du film, Depardieu soulignait la grande tristesse des films X et de ceux qui la regardent. A peu de choses près et pour quasiment les mêmes raisons on seraient tentés de dire la même chose de ce film et de ses instigateurs. Au final, Welcome to New York confirme l’impression donnée par sa première bande annonce : celle d’un nanar auteurisant qui serait resté à ce stade s’il n’avait fait l’objet d’une campagne marketing ultra agressive et volontairement pompière.
IlanFerry
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le 18 mai 2014

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