"Et si tous ces moments ne se perdaient pas dans l'oubli comme des larmes sous la pluie "!

"Mourir pour une cause juste, est ce qui rend encore plus humain !". Cette phrase élégiaque prononcée par un Réplicant lors d'une scène de "Blade Runner 2049" de Denis Villeneuve résume à elle seule la soif d'humanité, la quête de vie, déjà l'essence même du long-métrage originel de 1982. Nous voici en 2049, la planète est exsangue depuis des decennies, la terre nourricière n'est plus que ruines et mégalopes surpeuplées et polluées. Les humains les plus riches ont fui dans les colonies de l'espace. Trente ans se sont écoulés et la pluie ne cesse de tomber sur un Los Angeles tentaculaire et la réalisation magistrale de Villeneuve donne l'impression de n'avoir jamais réellement quitté la cité. A la différence près que, la Tyrell Corporation et avec elle les Réplicants Nexus-6 ont disparu de la surface de la terre. Restent quelques modèles Nexus-8 sans limite de vie, véritables vestiges du passé que l'unité Blade Runner doit retirer. Mais la peste a remplacé le choléra puisque la firme Wallace avec à sa tête le patriarcal président Neander Wallace (Jared Leto), est devenue le fournisseur principal de Réplicants nouvelle génération, des êtres cybernétiques plus dociles, plus corvéables, bref de parfaits esclaves . L'équilibre est de plus en plus fragile entre humains et machines. C'est dans ce contexte quasi-insurectionnel que l'officier "K" (Ryan Gosling) est mandaté et entraîné par le L.A.P.D pour débusquer les derniers parias de Tyrell. Mais ses investigations l'améneront à reouvrir les blessures du passé et de ce fait pourrait bien changer le futur à tout jamais. Denis Villeneuve réalise un tour de force inédit en donnant au "Blade Runner" de Ridley Scott, la suite qu'il mérite. La claque est d'abord visuelle, Villeneuve nous impreigne la rétine de décors grandioses (la ville de L.A, la décharge, le désert, les hologrammes publicitaires, les statues géantes...). Il joue avec les couleurs et la lumière, la photographie est splendide, l'image minérale de certaines scènes rappelant parfois son "Premier Contact" se confronte aux tonalités ocres du désert, à la blancheur de la neige ou aux teintes métalisées des scènes urbaines sous la pluie. L'expérience est aussi sensorielle, le film nous enveloppe littéralement parfois même jusqu'à la saturation pour mieux apprécier les nombreux silences. Tel un métronome, Denis Villeneuve impose un rythme parfait à son film, l'action est bien présente, elle est distillée, mesurée tout en côtoyant une réflexion philosophique (chose plus rare au sein d'un Blockbuster de cette envergure). Aucune fausse note n'est à déplorer, en partie grâce au casting sans faille (Ryan Gosling, Harisson Ford, Jared Leto, Robin Wright, Ana de Armas, Sylvia Hoeks et Manckenzie Davis (aux faux airs de Daryll Hannah). Tous ces personnages sont au centre de la vision de Denis Villeneuve qui livre un magnifique prolongement de l'oeuvre matricielle de Ridley Scott. "Blade Runner 2049" est un récit futuriste prenant corps dans le passé, une dystopie entretenant l'espoir. L'espoir que peut-être un jour, les androïdes et les hommes vivront en parfaite intelligence et que les moutons électriques se mueront en êtres de chair et de sang berçant ainsi les nuits d'une humanité retrouvée !!

RAF43
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le 6 oct. 2017

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