Comment, comment imaginer pouvoir donner une suite convenable à ce chef d'oeuvre de la SF qu'est le "Blade Runner" de Ridley Scott? Surtout après le coup de grâce administré cette année par ce dernier à son deuxième bébé chéri, "Alien". La réponse tient en deux mots : Denis Villeneuve. Car nul autre que lui n'aurait pu livrer une suite d'un tel niveau. Son esthétique léchée et la folle intensité de son cinéma, privilégiant la pesanteur du mouvement à un bourrinage visuel actuellement en règle en faisait le candidat idéal. Et pour le coup, Scott a eu le nez fin. "Blade Runner 2049" est donc la suite directe du premier film. Se déroulant quelques dizaines d'années après l'histoire originale, l'action se concentre sur un blade runner chargé d'éliminer les anciens répliquants encore en vie jusqu'à ce qu'il fasse une découverte surprenante qui vient bouleverser toutes ses certitudes. Le futur imaginé par Scott avait marqué toute une époque. Ville-monde baignée dans la brume où les rayons du soleil ne pointait qu'à la cime des buildings, l'univers imaginé par le réalisateur était d'un désespoir de toute beauté. Villeneuve va ici plus loin en nous foutant l'une des plus grandes claques visuelles de ces dernières années. Inutile d'énumérer les innombrables trouvailles du canadien tant elles foisonnent mais ce qui est sûr, c'est que le film marque la rétine d'une empreinte qui erre encore dans notre esprit quelques heures après le visionnage tant Villeneuve a réussi le prolongement parfait entre le film de 82 et sa suite. Entre les jeux d'ombres et de lumières hypnotisants et les changements d'ambiances lumineuses aussi féériques que mélancoliques, le réalisateur laisse exploser tout son talent de metteur en scène. En un mot, monumental. L'intrigue reprend des éléments du premier film et déroule, avec une patience divine et dans un flot d'images merveilleuses, ses pistes aussi évidentes que confuses. Quand au casting, là aussi aucun point noir. Ryan Gosling, toujours aussi monolithique, était le candidat idéal pour le rôle et mention spéciale à Sylvia Hoeks en répliquante à la beauté froide et aux intentions meurtrières. A l'image d'un rêve, "Blade Runner 2049" nous emporte dans un monde où la beauté côtoie la mort, où la mythologie rencontre le numérique et où, irrémédiablement, nous sommes emporté dans une fiévreuse et douce contemplation de ce miracle graphique qui fait plus qu'honneur à son aîné. Il en est même son égal.

Cyprien_P-L
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le 6 oct. 2017

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