Le Cri de l'Ame

Trente-cinq années nous séparent de Blade Runner.
Film avant-gardiste de Ridley Scott, mal-accueilli par le box-office et pourtant devenu un chef-d'œuvre avec le temps. Fait d'armes aussi bien pour Harrison Ford que pour son réalisateur, le long-métrage résonne comme un précurseur de la SF moderne.Robotique "plus humaine qu'humaine", décadence de la technologie et atmosphère cyberpunk se retrouvent dans la suite fort attendue de 2017.
Bien que la Tyrell Corporation ait été dissoute, un autre conglomérat prend le flambeau de ce monde obscur, futur hyper-pessimiste, en perfectionnant la manufacture des "répliquants": humains synthétiquement crées, mais à peine mieux considérés que des esclaves.

L'ordre social menace toutefois de basculer, à la découverte du squelette d'une réplicante qui aurait mis au monde un enfant; questionnant de fait leur statut "d'être humain". Un agent des Blade Runner est chargé d'enquêter sur cette énigme…

Petit prodige de la science-fiction des années 2010, le canadien Denis Villeuneuve signe une nouvelle œuvre de talent; reprenant le livre du maestro Philip K.Dick pour en réaliser la suite cinématographie; univers aux visuels hypnotiques et à la musique primale qui envahissent nos sens.
Tout en respectant les codes du Blade Runner original, force est de constater la patte très personnelle du réalisateur à construire un cadre différent, moins tourné action et plus insidieux, que celui de son "parrain" Ridley Scott. L'accent est ainsi mis sur le dilemme éthique des répliquants et leur place incertaine sur cette Terre à l'agonie, dépendante aux plaisirs virtuels.

Le casting vient renforcer ces tensions silencieuses; que ce soit Jared Leto en magnat pensif et mégalomane, Sylvia Hoeks qui n'a de répliquante que le nom, Ryan Gosling à l'expression toujours aussi neutre et contenue. Enfin, Ford prend place comme le plus âgé mais aussi le plus humain des personnages; comme si les années traduisaient sagesse et recul vis-à-vis de cette société sans âme, oppressive. Parenthèse pour un David Bautista méconnaissable, tant son rôle dégage émotion et fragilité.

VERDICT:
Scénario: 4.5/5
Ambiance visuelle: 4.5/5
Musique: 4/5
Jeu d'acteurs: 4/5

Blade Runner 2049 se présente comme un must de cet automne 2017. A la saga de Rick Deckard, l'amateur de S.F d'anticipation y trouvera une suite de bonne augure, en dépit de quelques longueurs et de personnages trop présents (ex: la compagne virtuelle).
Spectacle humain à la mise en scène soignée, voilà une œuvre à graver sur le panthéon de Villeneuve.