Cher Harrison Ford

J'ai été content quand tu as repris le chapeau et le fouet d'Indiana Jones pour "Le Royaume du crâne de cristal". Soulagé même. Il y avait tellement de rumeurs qui courraient sur la volonté de rajeunir le rôle que je ne pouvais que me réjouir de te voir à nouveau dans la peau de l'aventurier de l'arche perdue. C'était avant de voir le film... A l'époque, j'ai pensé que tu n'étais pour rien dans ce demi naufrage, que tu avais fait avec la partition qu'on t'avait servi.

Quand on a annoncé les nouveaux StarWars, j'ai applaudi des deux mains quand j'ai appris que tu reprenais ton rôle de Han Solo, aux côtés de Mark Hamill et de Carrie Fisher. Encore une fois, j'ai déchanté quand j'ai vu le résultat, qui avait des défauts qu'on ne pouvait légitimement pas t'imputer.

Quand la suite de Blade Runner a été annoncée, j'ai commencé à avoir la désagréable impression que tu te lançais dans une tournée d'adieu en réinterprétant une dernière fois tous tes grands rôles. Inutile de dire que je n'étais pas particulièrement très optimiste quant à ce Blade Runner 2049, en particulier face à l'habitude qu'a pris Hollywood de ruiner tous les grands mythes du cinéma. Et pourtant...

Pourtant j'ai trouvé le film de Denis Villeneuve très réussi. Enfin un film qui prend le temps de raconter son histoire, de poser ses personnages et ses enjeux et de mener une vraie réflexion de fond. Les nombreuses références au premier opus et la direction photo magnifique n'y sont sans doute pas pour rien. Le film est-il parfait ? Non, il a quelques défauts, dont deux m'ont un peu gêné pendant le visionnage.

D'abord, l'impression qu'on élargissait à outrance un univers finalement assez limité dans le premier Blade Runner, peut-être dans l'espoir de créer une franchise et de développer des suites. Plusieurs éléments du scénario sont à cet égard sous-exploités, sans doute dans ce but. Dommage.

L'autre grand défaut, Harrison, c'est toi. Encore une fois, tu ne peux défendre que ce qu'on te donne à défendre. Mais c'est la marque des grands acteurs de savoir donner de la dimension à un rôle qui en manque. Il m'a fallu attendre Blade Runner 2049 pour me rendre compte que la façon dont tu interprétais tes rôles depuis une dizaine d'années était toujours la même. On ne retrouve plus la nuance de jeu qui étaient la tienne lorsque tu interprétais pour la première fois Indiana, Han ou Deckard. A présent, on voit toujours les mêmes mimiques, toujours le même homme derrière ses personnages : toi.

Alors tu n'es pas le seul. D'autres ont connu cet écueil, tel Jack Nicholson. Mais pour la première depuis longtemps, j'ai été déçu que