Evidemment, La comparaison ne peut s'éviter. J'ai été voir ce film car le précédent est une référence exceptionnelle.

Dans mon souvenir, fréquemment remis à jour, la vision du futur était sordide. Mais, et c'était une grande joie du film, il montrait avec curiosité, envie et une foule de détail, une ville. La première scène où l'on naviguait sur la ville entre les tuyères en feu et les buildings se faisait au ralenti pour en profiter complètement. Le soir dans les rues mouillées par la pluie, ce n'était pas la misère que l'on voyait, mais une ville qui vit, avec des boites de nuit en néons roses aussi des restaurants ambulants crasseux mais vivants. La ville était un sujet en soi, c'était très intriguant, et en fait plutôt joyeux.


Dans la version 2049, la ville a un peu disparu. La joie aussi. Le film peut-être aussi.


C'est un monde irrespirable où l'on cultive sous bâches, où les arbres ont disparu. La ville est immense et détrempée ou gelée par la neige, voire parfois les deux. En dehors ce sont des décharges et la mer dont on se protège.
On sent que la vie y est dure, peut être insupportable.
Visiblement pour s'adapter l'homme a justifié la création et l’utilisation de répliquants. Des hommes de synthèse, de vrais esclaves, sans droits, sans avenir. Ce sont eux qui font les tâches pénibles, le sale boulot. Ils sont partout et les derniers modèles on le droit d'être sur Terre. Les anciens modèles doivent être retirés. C’est normal ils ont été conçu par une autre société. C’est le commerce dit-on. Et c’est le rôle de la police de les liquider.


On suit donc un détective répliquant, chargé de faire le sale boulot et d'éliminer ses semblables. La mission commence dans un ferme dans les tons gris sable. Tout est mort sauf sous les serres. Un homme vit seul. Dans sa maison il cuisine ce qui semble un ragoût pestilentiel. C’est un modèle de répliquant ancien. Il sera mis hors circuit. Dehors un indice, une fleur jaune auprès d’un arbre mort amène à découvrir un cercueil. Dans la boite un corps de femme morte en couche. C’est un corps de répliquant, la précédente génération avait été programmée pour ce reproduire et le miracle a eu lieu. C'est une découverte inattendue et explosive et le point de départ d’une lente enquête où les intérêts politiques et commerciaux se révèlent. Les commerçants s'intéressent à la technique et aux gains, les répliquants s'intéressent au symbole et au message d’espoir que ce miracle apporte, la police s'intéresse aux conséquences qu’une telle idée pourrait faire naître et souhaite la mettre sous silence le plus vite possible. Il y a beaucoup trop de monde sur le coup. La violence jaillit. La cruauté et la folie sont partout. Faire naître un répliquant comme on viderait une poubelle et lui ôter la vie pour seule frisson, tout cela est abjecte. C’est comme si on faisait revivre l’empire Romain, et comme lui tout cela va devoir tomber.


L'enquête avance comme on déroule une pelote. Elle mène dans un décharge à la recherche d’indices qui ouvrent les mémoires pleines de souvenirs implantés. Ces souvenirs non vécus sont créés par des spécialistes. Quel beau métier de créer des souvenirs et quelle responsabilité aussi. Lorsque le répliquant policier rentre chez lui il doit vivre avec. Il vit seul, peut être est ce la loi. Alors il s’est accommodé d’une assistante virtuelle. Un nouveau gadget comme une version évoluée de l’iPhone. Un programme qui vous fait vivre avec quelqu’un. Un refuge habile et efficace à la solitude. Qui vous accompagne, qui s’occupe de vous, et auquel on s’attache. Un répliquant qui a des sentiments pour un programme, est ce que c’est encore la vie? S’attacher à quelqu’un qui n’existe pas, qui semble éprouver des sentiments pour soi, et qui accepte de tout perdre pour rester près de vous, c’est assez merveilleux et effroyable à la fois.


On trouve une piste, celle de Deckard, l’homme providentiel, le dernier témoin du miracle et seul lien qui permettrait de remonter vers l’enfant. Deckard vit dans un Las Vegas radioactif irrespirable où la lumière se décline dans les ocres. Il est barricadé dans un hôtel, seul avec son chien. Comme un vieux cow-boy, il est difficile d’accès, fuyant, violent. Mais quand on veut un homme tous les moyens sont bons. Que va t’il dire maintenant qu’il est capturé? On le sent fragile mais déterminé. C’est ça qui le rend le plus humain. On l’attendait depuis le début. Heureusement il reste son humanité, enfin on en est même pas sûr mais cela reste merveilleux quand même.

OlivierBretagne
7
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le 18 déc. 2017

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