J'ai vu tant de choses, cinéphiles, que je n'ai pas compris...

(Critique sans spoilers)


Cinq... cinq visionnages, c'est ce qui m'aura fallu pour abandonner de comprendre le film. Je pose mon pavé là, faites-en ce que vous voulez... tandis que je retourne me laver les yeux devant le Blade Runner de 1982 ^^


---> Ce que j'ai aimé du film :


(Je ne peux pas en révéler d'avantage si vous tenez à garder la surprise) ^^


J'ai aimé revoir Rachael pendant quelques secondes, en chair et en images de synthèse, tout de même assez bien faite. Voilà...


---> Le reste :


Partie superficielle du film (à votre bonne appréciation) :



  • Les noms de personnages, mince quoi (Luv, Joi, K, Joe, sérieux vous n'aviez pas d'inspiration ?)

  • Le champ lexical de la religion : "miracle", "ange", "dieu", "foi", etc... non merci, pas dans cette saga svp...

  • Qui comprend pourquoi on nous sort une nouvelle thématique une heure avant la FIN du film, mais non traitée ??

  • Les décors sont littéralement traités comme des pubs pour parfum de luxe, quelle est la raison ? (à part pour exprimer que dans le turfu, on exhibe son gros luxe avec de grands espaces à remplir inutilement d'air... le même air qui doit être obligatoirement PURIFIÉ vu que la planète est en DÉCADENCE ÉCOLOGIQUE (tousse TOUSSE))

  • Tout élément de décor sale donne un drôle d'aspect "propre". La poussière est toujours bien disposée, les personnages sont toujours présentables... ça doit avoir avec la direction artistique du film mais ça m'a interloqué.

  • Et enfin, la musique, très très mal incorporée aux scènes + Elvis Presley... pourquoi lui ? Pourquoi à ce moment du film ? Qui en a quelque chose à faire dans cette dystopie ? N'importe quoi.


On a balayé la forme... maintenant le fond (ou ce que j'ai réussi à creuser) :


Le scénario du film ne doit sa longueur qu'à un (ou plusieurs ?) fils narratifs nuls axés sur des plot twists nuls et n'aboutissent que sur une fin amère, et aucune espèce de développement du personnage principal, ou quelconque réflexion philosophique n'est menée dans ce film. Je souhaite insister sur ces deux points, et sans spoilers bien sûr. Si vous avez vu le premier Blade Runner, cela doit vous faire "tic" dans l'esprit.


Le film s'appuie sur des délires aussi malhabiles qu'ils sont basiques et fumés dès le départ. D'abord, le délire autour de Wallace... N'en déplaisent à ceux qui ont adoré le mysticisme et le charisme du sombre personnage de Wallace... mais il n'a pas le syndrome de Dieu. Wallace est surtout atteint du syndrome du psychopathe (ou du personnage raté, à vous de choisir) : quand une personne (si ce n'est la personne la plus influente de son pays), une personne sensée, douée de conscience, s'exprime par du jargon Biblique, tue ou bien fait tuer AU CALME et sans le cacher (il faut voir le film pour comprendre) et concentre tout son pouvoir pour assouvir une mission qui tient d'avantage de la mongolomanie (mélange de mongolo et mégalomanie) (ce mot est copyrighté) que de la motivation logique, c'est qu'on est devant un archétype de Série B. Dans ces conditions, détachez votre ceinture de sécurité, attrapez le parachute qui se situe sous votre siège, et sautez de l'avion car il va s'écraser, c'est certain. Retirez l'existence de cet ersatz de perso "mystique et grandiloquent", et vous retirez un organe vital du film. Première erreur selon moi.


Deuxième erreur : là où Blade Runner se servait de la technologie pour nous aider à comprendre le fonctionnement des réplicants, ici ça vend des nouveaux concepts au public, pour n'en garder que l'esthétique creuse et une vague impression de pouvoir interpréter la sauce à notre façon. Sauf que...


Petit mémo de l'univers de Blade Runner : les réplicants sont des êtres créés à l'image de l'humain, "modelés" pour remplir des fonctions d'esclaves dans les colonies spatiales et limités dans leur âge ainsi que leurs émotions, afin de conserver leur statut de "choses". Malgré les avancées dans la bio-ingénierie et la conception de ces poupées de chair, le premier film s'évertue à nous montrer que ce n'est pas toujours suffisant pour dissiper le libre-arbitre et les émotions (balbutiantes) de ces créatures. Roy Batty en est un exemple remarquable, et pourtant issu d'une génération très restreinte en facultés émotionnelles (les Nexus-6, en opposition aux Nexus-3 qui éprouvaient des émotions trop similaires aux humains).


Réfléchissez svp à la question suivante : Comment se fait-il alors qu'on laisse un réplicant vivre comme un humain (dans un appart pour humain, avec une vie d'humain, ouvert aux stimuli humains comme l'amour ou la haine, et posséder un joujou virtuel qui incite aux émotions humaines), tandis que de l'autre côté on lui interdit d'éprouver des émotions humaines (via des contrôles réguliers avec la machine qui lui demande de répéter des mots à la noix 15 fois de suite)... ? Comment ça s'appelle... une contradiction ? Ou une grosse ficelle de script ?


À partir d'ici, c'est la section à moitié "spoilers" (masqués bien sûr) :


Le film tente désespérément de révéler une vision du réplicant qui n'est pas claire. L'absence de maîtrise du sujet se traduit par des expériences, langages corporels ou signes émotionnels qui contredisent les motivations et actions des personnages de type réplicants.


Un exemple qui vous sera contestable (n'est-ce pas, car c'est moi le gros nul dans l'affaire vu que j'ai rien compris au film, lol) est celui de Luv. Déjà ce nom est ironique... pardon. Je disais : Luv (ou Love, qui signifie "Amour" dans notre langue). Personnage que j'ai ressenti à tort comme une future alliée de "K", car montrant des clairs signes d'émotions au début du film... elle ne se révèle n'être qu'une exécutrice sanguinaire et sadique, mélange bizarre entre le langage corporel qui crie au début du film "j'ai peur de Wallace, il me débecte et je compte me rebeller un jour", et décisions prises plus tard dans le film "je souffre d'un syndrome de Stockholm, en fait Wallace est mon pote, je lui fais confiance", la dirigeant rapidement vers la barbarie "Je veux tuer pour rester la préférée de Wallace, mais aussi pour mon plaisir sadique".


Si on réfléchit sur sa condition de réplicante, il n'y a de place que pour UN SEUL comportement. Soit elle fait mine d'obéir, mais sera attendue par le public pour décider de se rebeller, soit elle agit comme un Terminator, de sang froid et sans réactions émotionnelles. Surtout pour un modèle avancé qui tient compte des problèmes survenus avec les Nexus précédents (voir le 1er film). Et à la question (que personne ne se posera) : Un réplicant sois-disant dénué d'émotions et de libre arbitre peut-il être programmé pour faire souffrir un autre réplicant de façon gratuite et sadique ? La réponse est oui (la mort de Joi). Nul...


Plus que deux spoilers, et conclusion :


J'ai trouvé en K le personnage principal le plus sinistre de l'histoire des personnages principaux. Ou du moins, si l'intention était voulue, c'est du 20/20. En gros ? Personne n'aime K, et la seule "chose" capable de lui donner de l'attention est Joi, une I.A. de compagnie (en toute logique programmée pour aimer son client), et comme c'est un programme, et bien personne n'aime K dans ce film et c'est triste !!


Vous pensiez que Joi était douée d'intelligence parce que des gens la jalousaient ? Vous voulez une preuve tangible ? À un moment du film, Joi s'évertue d'amour avec K qu'elle décide de renommer "Joe" par affection. Plus tard, elle se fait tuer... (R.I.P.). Plus tard encore, K se trouve devant une publicité où Joi apparaît dans une version "pub" (donc impersonnelle, car publique), et Joi se met à donner un petit surnom d'une manière accidentelle en voyant K : "Joe"... Voilà, tous les modèles de Joi sont programmées de la même façon. La version Joi de K n'était pas "unique".


Personne ne lui tendra la main dans le film : ni les réplicants résistants fanatiques de leur religion cheloue (ils le trouvent utile dans le but de tuer Deckard), ni Deckard qui ne prêtera pas plus attention à lui que cela (laisser crever K dans la neige, bravo monsieur Deckard ! T'as pas oublié que tu es genre... LE SEUL HOMME CONNU SUR TERRE À AVOIR ACCEPTÉ D'AIMER UNE RÉPLICANTE, ou bien que c'est un RÉPLICANT QUI GRÂCE À TOI AVAIT CHANGÉ SON OPINION SUR LA VIE, PATATE ? Voire même que... "K" FAIT PRESQUE PARTIE DE TA FAMILLE AVEC LES SOUVENIRS DE TA FILLE AINSI QUE SON IMPLICATION ET SA RECHERCHE D'IDENTITÉ ? non mais vas-y, laisse-le fumer dans la neige, après tout on s'en bat les steaks... tout comme le réal.).


Pour terminer, un détail qui serait trop long d'expliquer, mais que dire de la fameuse phrase qu'on entend : "Dying for the right cause is the most human thing we can do" (Donner notre vie pour la bonne cause est la plus humaine des réalisations). Je pense que Roy Batty dans le premier film a fait d'une grande preuve d'humanité. Et il n'y avait nul besoin qu'un personnage secondaire en mousse ne le rappelle au spectateur toutes les 20 minutes avec des flash-backs audios. C'est ÇA la plus grande de toutes les différences entre le premier et le deuxième film...


Conclusion : poussif dans ses thématiques ou ses phrases balancées sans subtilités, des personnages inconsistants, bizarres, un ambiance vraiment inégale... et donc un film que je n'ai pas compris, ou bien si, j'ai compris que si on retirait les acteurs issus de l'ancien film on retirait aussi ce scénario convenu et premier degré. Ne perdez pas votre temps et allez voir le premier Blade Runner avant celui-ci, merci ^^

Tonton_Norman
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le 3 janv. 2019

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Tonton_Norman

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