Mauvaise réplique

Un film de science-fiction reprenant l'univers de Blade Runner réalisé par le grand Denis Villeneuve? Voilà qui sur le papier aurait tout pour plaire à ce grand fan d'Alien, Terminator et autres grandes sagas de science-fiction que je suis. Alors pourquoi avoir attendu quasi trois ans avant de me lancer dans ce film? Pourquoi ne pas m'être précipité en salle pour voir sur grand écran les images sublimes portées par la photographie impeccable de Roger Deakins, toutes en contrastes de lumière et en clair-obscur (Prisoners, Sicario)? La réponse tient au fait que le film de Ridley Scott m'avait il y a quelques années passablement ennuyé, ce qui ne m'avait pas forcément donné envie de me lancer dans cette suite à très gros budget. La durée du film aussi (2h40), m'avait aussi quelque peu rebutée. Toutes ces craintes étaient-elles donc justifiées? Ce film aura-t-il été pour moi une aussi grosse déception que son aîné de 1982?
Sur le plan technique, le film est assurément une grande réussite. La dimension post-apocalyptique est assez bien restituée grâce à des décors travaillés à un choix de palettes de couleurs assez réduit qui permet de donner à l'ensemble une certaine cohérence. A l'image de cette teinte orangée qu'on retrouve dans les locaux de la société Wallace ou dans les ruines de Las Vegas et qui permet symboliquement de restituer le crépuscule d'une humanité asservie à la technique sur le déclin. En outre, on appréciera la beauté des jeux d'ombres qui contribuent un peu plus à déshumaniser ces robots (les répliquants) en leur donnant un aspect fantomatique. On en prend plein les yeux!
Et pourtant... Le film se perd parfois en quelques longueurs inutiles et s'étale sur la durée sans que cela n'ajoute grand chose à l'ensemble. Certains des voyages de l'officier K (Ryan Gosling) sont assez superflus, comme lorsqu'il se rend dans un orphelinat pour vérifier l'authenticité des souvenirs qui lui ont été implémentés. Ou bien encore les passages avec Joi, un hologramme vendu par la société Wallace, avec lequel l'Officier K. noue une relation amoureuse.
En ne sachant pas trop sur quel créneau se placer (rester fidèle à son image et à ses méthodes de travail tout en visant un public le plus large possible), Denis Villeneuve propose un film assez abouti sur le plan technique avec une réelle maîtrise de l'univers science-fictionnel mais avec un scénario beaucoup trop convenu qui ne permet pas à l'ensemble de prendre son envol.
Le résultat est assez décevant dans la mesure où on voit très bien le talent du réalisateur s'exprimer dans des plans toujours aussi agréables mais malheureusement au service de producteurs trop soucieux de lisser au maximum l'originalité de l'écriture de ce grand réalisateur.