Blanche-Neige et le chasseur : Un conte beau mais bâclé
La plus belle du royaume a toujours la côte à Hollywood. Après la Blanche-Neige kitch de Tarsem Singh, vient la version sombre du célèbre conte des frères Grimm, Blanche-Neige et le chasseur. Ancien enfant de la pub, Rupert Sanders transforme la jeune princesse épeurée en guerrière émérite, se tournant alors vers un univers d'Heroic Fantasy empli de milles trouvailles visuelles. Mais la forme ne fait pas tout. Le scénario bâclé gâche le plaisir, et l'on s'ennuie ferme devant le spectacle proposé.
Dans un monde peuplé de fées et de magie naquit une petite princesse aux lèvres rouge sang, aux cheveux noirs comme l'ébène et à la peau blanche comme la neige. Son nom : Blanche-Neige (Kristen Stewart).
Après l'assassinat de son père par son acariâtre belle-mère, la reine Ravenna (Charlize Theron), Blanche-Neige se voit enfermée dans la plus haute tour du château, y passant la majeure partie de sa jeunesse. Mais un beau jour, la jeune fille parvient à s'extirper des griffes de la méchante marâtre, qui envoie un chasseur (Chris Hemsworth) pour la récupérer.
Il fallait avoir du courage pour confier une telle production à un novice, vierge de toutes expériences cinématographiques. D'un point de vue esthétique, en tout cas, Rupert Sanders réussit son pari. Le jeune cinéaste créé un univers « dark » à souhait, emmené par des idées visuelles détonantes. On applaudit devant ce miroir entrain de fondre pour prendre une apparence humaine, on s'esbaudit devant une reine s'immergeant dans une piscine de lait, on s'émerveille devant son visage qui vieillit et rajeunit à vue d'œil. Ce monde morne, gris, sans vie, fait parfaitement ressortir la tristesse des personnages, et leur nostalgie d'une vie heureuse à jamais perdue.
Dommage que cette mélancolie qui irrigue le film, disparaît au profit d'une histoire sans intérêt et d'un Happy-End plus conforme aux attentes du public visé. À la suite de la vision de Blanche-Neige et le chasseur, on est surpris d'apprendre que trois scénaristes se sont penchés dessus tant on est exaspéré devant les diverses situations. Que Blanche-Neige tombe miraculeusement sur un cheval lors de son évasion et le laisse mourir cinq minutes après, pourquoi pas, mais que vient faire un troll dans cette histoire, et qui plus est, dans une scène totalement insignifiante. Les effets-spéciaux, plaisant au demeurant, servent ici de cache misère à un scénario ennuyeux à mourir.
Reste que Kristen Stewart est convaincante en Blanche-Neige menant une rébellion. Référence direct à l'image de Jeanne d'Arc, armure flamboyante sur un destrier blanc, icône d'un peuple opprimé voulant regagner sa liberté. De même que Chris Hemsworth, en chasseur ravagé par la perte de sa femme, et la troupe de nains interprétés par,entre autres, Brendan Gleeson et Nick Frost. On ne peut certes, pas en dire autant de Charlize Theron, un chouïa trop hystérique.
Visuellement épatant, Blanche-Neige et le chasseur aurait pu livrer au spectateur une épopée captivante et magique si le scénario n'était pas à ce point expédié. Comme son homologue Tarsem Singh, Rupert Sanders est un grand plasticien qui à trop se regarder filmer, oublie de construire un récit prenant et cohérent.