Au départ j'y ai franchement cru. Je ne sais pas vous, mais moi je ne me serai pas déplacé voir un classique éculé comme l’est "Blanche-Neige" s'il ne me promettait pas un traitement original et, et à ce petit jeu là, Rupert Sanders laisse planer un espoir lors des vingt premières minutes. Je dois avouer que ce n'est pas forcément pour l'ambiance « dark » à la Tim Burton que j'avais commencé à m'emballer. Maintenant, ce type d'atmosphère est assez courant voire banale (il serait d'ailleurs temps que Tim Burton le comprenne lui-même) et il me fallait plus que des beaux ralentis et une jolie photographie tout en contraste pour me faire tortiller l'asticot. Et, j'avoue, qu'après une introduction qui a le mérite d'être brève et mesurée dans ses effets, l'arrivée du personnage de la vilaine Ravenna avait le grand mérite d'ouvrir quelques portes. C'est que la bougresse suggère dès le départ une motivation vengeresse à l'égard d'une société phallocratique. Quand j'ai entendu de tels propos, le tout prononcé dans la bouche d'une Charlize Theron assez convaincante, je me disais que tout était permis. Donc, au bout de vingt minutes, j'avais ma promesse d'un traitement original, en l'occurrence ici un traitement plus moderne et transgressif. Seulement voilà, pour quelques malheureuses répliques et une technique efficace, je me suis malheureusement emballé pour rien. Très vite, d'un « Dark Blanche-Neige », on bascule dans une sorte de "Twilight" médiéval (...comme quoi, le choix de Kristen Stewart dans le casting n'était finalement pas un hasard). Les évènements s'enchaînent sans enjeux et sans propos, on retombe dans la narration de conte sans aucune profondeur. Le pire, c'est que plus le temps s'écoule, plus l'ami Sanders semble se déconnecter totalement de son projet, tant il enchaîne progressivement les scènes comme l'ouvrier fait défiler les pièces usinées. Au bout d'un moment, chaque scène devient une répétition de la précédente, les personnages ne faisant qu'illustrer sempiternellement la même facette d'eux-mêmes (en gros c’est : la sorcière = grosse méchante ; Blanche-Neige = nunuche sans passion ni personnalité ; le chasseur = le gars bourru qui est justement bourru parce qu'il a souffert mais qui redeviendra gentil quand il va pouvoir pécho Blanche-Neige). De la même manière, certains moments sont pathétiques dans leur enchaînement. J'en veux pour témoin cette scène où Blanche-Neige trompe la vigilance de 800 gardes, traverse des terres de paysans hostiles et s'engouffre dans la forêt maléfique pour échapper à la sorcière... puis se décide à attendre comme une conne là où elle a semé ses poursuivants pour qu'ils viennent la capturer quelques semaines plus tard ! Et c'est ce que c'est ce qui se passe vraiment dans le film ! La sorcière prend le temps de convoquer le chasseur, ils débattent du fait de savoir s'il est possible de survivre plus de deux minutes dans la forêt maléfique, et la sorcière parvient finalement à convaincre le chasseur. Le gars part donc dans la forêt, et là – bim ! – en deux minutes, il retrouve Blanche-Neige qui n'avait pas bougé de là ! Je suis d'accord, c'est qu'un moment parmi tant d'autres, mais franchement, quand on n'est même pas à la moitié du film et qu'on ose déjà bâcler à ce point l'histoire, ça veut tout dire. D'ailleurs, j'avoue qu'à partir de ce moment là, j'avais compris qu’il n'y aurait plus grand-chose à espérer. J'ai dû rester une grosse heure, par principe, le temps de tomber sur le village des femmes asexuées et sur le troll joli cœur qui allaient me convaincre que ce film allait rester désespérément fade et mièvre jusqu'au bout. Alors certes, on pouvait peut-être se dire qu'espérer quelque-chose de novateur et de transgressif dans ce "Blanche-Neige" était un brin rêveur mais bon, d'un autre côté, pourquoi serrait-on tenté d'aller découvrir un film si c'est pour être convaincu qu'on ne verra rien de neuf ? C'est blasant, non ?