Acclamé pour Kontroll et son originalité, Nimrod Antal s'est rapidement fondu dans le décors hollywoodien. Avec Blindés, l'indice du pittoresque et de l'insolite tombe à zéro. Hormis le thriller Motel toutefois déjà absorbé par la vulgarité, le cinéaste d'origine hongroise n'aura présenté après son premier exploit que des films d'actions relativement racés et tout à fait triviaux. Ce Blindés en est la démonstration. C'est un film 100% masculin et 100% niais, avec de grands gosses (le scénariste James V.Simpson revendique « ce sont des types ordinaires (..) pas des sales types ») , une aura de 'jeunesse' au sens où personne ne semble y avoir l'étoffe des héros supposés répondre présent.
Il enchaîne les éléments médiocres et rebattus, avec le service minimum à l'écriture, de rares et misérables anecdotes pour donner un semblant de développement aux personnages et à l'action. C'est un truc de convoyeurs préparant un ultime sale coup (avec les braqueurs ou les escrocs, ça marche aussi) ; un dérapage et un truc qu'il faudra tous planquer les force à la fuite en avant et à resserrer les rangs, malgré la tentation de certains de filer seul. Côté faits et scénario, tout est fainéant et insignifiant. Les seuls détails cassant un peu la routine sont les démêlées avec les services sociaux pour le frère d'un black et la confrontation de Mike avec un flic : une scène de distraction stérile pour chacun.
La qualité d'image et quelques scènes 'délivrant la marchandise' au moins en terme de mécanique (suivi de cortège de véhicule, lancement dans la course à mi-film) sauvent l'honneur. Quelques prises de vue à mi-hauteur, pour installer une nouvelle tension, permettent d'éviter la platitude totale. La musique coule en permanence, essaie d'imposer un 'flot' pour faire tenir le chaland, mais la simplicité et la 'transparence' du langage visuel reste le plus persuasif. Des muscles, de la gravité sans os, des gesticulations lourdes ; que de la gueule et elle est pas encore assez grande pour faire un début d'illusion. Le casting se compose de chatons comme Matt Dillon, de colosses anesthésiés (pour l'occasion) comme Laurence Fisburne ou de papys badass tel Jean Reno (encore plus cuit que dans Les Visiteurs la révolution). Il y aura une issue débile pour épater la galerie, laissant de côté la congruence, qui de toutes façons ne servait à rien vu l'état des lieux.
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