Blood Diamond par Erwan18

Autant le dire tout de suite c'est d'abord un formidable film d'aventure mais aussi une dénonciation très claire du scandale des diamants de sang, autrement dit des diamants issus des pays africains en guerre civile, et de leur corollaire les enfants soldats. Au-delà de l'action sans faille, des paysages superbes, des acteurs épatants, on ne peut rester insensible à ces deux problèmes majeurs. Certaines scènes, lors de l'entraînement des enfants enlevés à leur famille, sont très dures. Et au passage, la violence malheureusement réelle et contemporaine décrite dans ce film est bien plus insoutenable que celle du film de Mel Gibson, Apocalypto, injustement critiqué pour ça. Car autant la violence à l'époque Maya était justifiée par les croyances, le mode de vie et les religions, autant celle de "Blood diamond" est inadmissible car elle se passe dans un monde dit civilisé et pour des raisons purement économiques. La critique des empires diamantaires est suffisamment claire pour forcer la compagnie De Beers, à travers le Conseil Mondial du Diamant, à dépenser 15 millions de dollars pour faire paraître des pages de publicité destinées à redorer son image et à la désolidariser de l'histoire du film.
Bien que j'aie encore un peu de mal avec la gueule d'ange de DiCaprio, force est de reconnaître sa prestation extraordinaire dans ce film. Il s'est forgé une musculature impressionnante et se montre parfaitement à l'aise dans un film d'action pure. Sans oublier Djimon Hounsou, révélé dans Amistad et que j'ai beaucoup aimé dans Gladiator. J'enlèverai quelques points à Jennifer Connelly qui ne m'a pas tout à fait convaincu en journaliste baroudeuse. Je trouve qu'on voit encore trop ses oripeaux hollywoodiens.
Le film est long mais pas une minute on ne s'ennuie, c'est important. Juste un détail qui me met hors de moi à chaque fois : à cause du puritanisme nauséabond qui prévaut aux USA ces temps-ci, les personnages fument, boivent, coupent des mains et des têtes, se tuent sauvagement, mais on ne voit pas un seul baiser, même à l'instant où il est évident qu'il devait avoir lieu, pendant la seule courte scène un peu nostalgique entre l'aventurier et la journaliste, tombés amoureux l'un de l'autre. Les deux têtes se rapprochent, comme si... et non, on a même l'impression que la scène a été coupée. Affligeant.