Blue Valentine par Gondorsky
Un temps leurs coeurs ont battu de concert, se faisant fébrilement écho l'un l'autre, comme seul le promet le sentiment amoureux le plus improbable. Un minuscule miracle qui se produit simultanément dans deux existences en équilibre instable.
Plus tard, lui, sans doute le plus romantique et le plus idéaliste des deux, aura pris un embonpoint qui aura flétri son charme. Alors on se focalisera sur ses grand yeux bleus, ce regard d'adolescent hagard nimbé des derniers feux d'un mirage. Un mirage ? Etait-ce seulement cela ?
Pour elle, aimer n'est finalement qu'une lutte harassante. Un droit que l'on peine à réclamer. Il (lui) tombe dessus et d'une certaine manière elle se laisse faire, se laisse glisser dans l'hâtre rassurant d'une idylle précoce, tel un fruit venu trop tôt sur l'arbre et qui peine à mûrir. A l'incandescence elle oppose une retenue hésitante. Comme s'il lui était difficile de croire en son homme. Son homme. Le sien. Celui qui lui appartient mais qu'elle revendique si peu.
Ensemble, ils se méprennent, surinterprètent, passent à côté de ce qu'ils sont réciproquement l'un pour l'autre. Les liens se distendent, la communication devient mauvaise tandis qu'ils se débattent dans leur rêve brisé, leur idéal commun impossible: leur couple.
Blue Valentine est une poignante déconstruction du couple. Le film vous arrache le coeur par mille petites piqûres discrètes qui vous fendent l'âme alors qu'à l'écran des jeunes gens faits pour s'aimer peinent à triompher de l'oeuvre du temps, de l'incompréhension et de la putasserie du destin. Le romantisme ne triomphe pas toujours.