Il ne faut pas se fier aux apparences : malgré une campagne marketing et une affiche particulièrement ridicule, « Bons Baisers de Bruges » est un petit bijou du film noir avec une touche d'humour anglais bien dosée le tout emporté par des acteurs convaincus et surtout convaincants.

Pour son premier film, Martin MacDonagh nous emmène donc à Bruges, en Belgique et entraine ses protagonistes dans ses ruelles, ses monuments, ses bars, ses parcs et d'autres lieux incontournables de la ville pour une raison qu'on ne connait pas au départ et qu'on découvrira au cours du film : après avoir raté son premier job, un jeune tueur à gages et son mentor doivent quitter l'Angleterre pour aller se cacher... A Bruges. Brendan Gleeson et Colin Farell sont juste parfaits dans leurs compositions et nous font ressentir les choses telles qu'elles sont. Oui, on rit avec eux mais c'est pour mieux subir leur détresse quand à ce qui est arrivé, spécialement dans le cas de Colin Farell. Il n'arrive plus à vivre, est complètement désorienté et ne sait plus où il en est.

Ce qui pourrait ressembler à un énième film noir de gangster à l'humour un peu déplacé mais jouissif se transforme en expérience vis-à-vis de la mort, de la culpabilité au sentiment amoureux, l'approche à l'étrange, l'incompréhensible toujours en rapport avec le passé des personnages, leurs actes et leurs valeurs. Et si le trio Fiennes/Gleeson/Farell est excellent et prend une ampleur sans commune mesure, la véritable star de film reste la ville. Il y règne une atmosphère étrange, presque féérique (comme le dit l'un des personnages sur le ton de l'humour certes mais il n'en est pas moins convaincu de ce qu'il dit) et on n'a qu'une seule envie après la vision d'un tel film : prendre la voiture jusqu'à Bruges et découvrir par soi même tout ce qui fait que le film est merveilleux à voir.

Point de comédie loufoque comme l'évoque l'affiche donc, mais bel et bien un film réfléchi et ambitieux, sur l'existence même de ces êtres qui n'hésitent pas à tuer pour vivre. Ils ont un code de l'honneur, certaines valeurs et on ne peut que s'attacher à eux et leurs caractères diamétralement opposés mais ils n'en restent pas moins des tueurs. Et là où le film partait doucement et explorait la psychologie des deux personnages principaux, le réalisateur nous prend au dépourvu en ajoutant un nouvel élément : la jeune recrue doit mourir à cause de ses actes. Commence alors un jeu de massacres où chaque personnages va se voir confronter à ses idéaux, ses valeurs d'un côté et de l'autre à ses sentiments vis-à-vis de ses amis. Tout en ambigüité donc, le film nous laisse entrevoir ce que pourrait être un règlement de comptes entre gangsters en y ajoutant une pincée d'extravagance qu'on finit même par accepter comme étant un fait tout ce qu'il y a de plus normal (je pense au One, two, three, GO ! par exemple).

Finalement, je ne trouve quasiment rien à redire à ce film qui m'enchante à chaque nouveau visionnage et j'attends de voir ce que donnera le travail de Martin MacDonagh dans le futur. Je ne saurai que trop le conseiller à tout un chacun. Pour ma part, j'ai pu découvrir la ville seulement quelques mois après l'avoir vu et je vous assure que l'ambiance que dégage le film se retrouve là-bas, Bruges is really a fucking fairy tale.
Carlit0
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le 23 nov. 2011

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Carlit0

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