Une réflexion acerbe sur le jeunisme hollywoodien

En 1949, un scénariste sans le sou dénommé Joe Gillis rencontre une ancienne star du cinéma muet qui vit recluse dans sa villa hollywoodienne délabrée. Amoureuse de sa propre légende, Norma Desmond est persuadée de toujours être la plus grande vedette du monde, et elle propose à ce jeune auteur de lui écrire le rôle qui marquera son grand retour sur le devant de la scène. Flairant l'argent facile, Gillis accepte, et se retrouve peu à peu prisonnier de la quinquagénaire qui l'inonde de cadeaux. Gigolo malgré lui, le scénariste a tout pour être comblé, sauf qu'il rencontre une jolie minette de 20 ans qui lui fait les yeux doux... Cruel dilemme que de devoir choisir entre amour et richesse !

N'y allons pas par quatre chemins : Boulevard du Crépuscule est un véritable régal pour tout amateur de "vieux cinéma". En plus d'une photographie divinement sombre, ce film fait réfléchir sur le sort des femmes à Hollywood, une fois leur beauté fanée. Toutes les actrices, même les plus grandes, finissent en effet par tomber dans l'oubli, la faute à une concurrence toujours plus jeune. Certaines, comme Norma, finissent par perdre la tête à force de recevoir des louanges émanant de fans, et leur égo surdimensionné leur interdit tout retour parmi le commun des mortels.

L'autre personnage emblématique de Sunset Boulevard est évidemment Max, le majordome aussi imperturbable et inexpressif que le T-800 de Terminator. Vouant un culte à sa patronne, il veille à ce que l'actrice tombée en disgrâce ne sache rien de sa baisse de popularité, et peu importe s'il lui faut pour cela tricher avec la réalité... Outre les brèves apparitions de vieilles gloires du cinéma muet (parmi lesquelles Buster Keaton), les cinéphiles seront surtout heureux de voir Cecil B. de Mille incarner son propre rôle de cinéaste, et la scène où il reçoit une Norma déphasée en dit long sur l'hypocrisie générale qui règne dans le petit monde du cinéma : à Hollywood en particulier, seules comptent la jeunesse et l'apparence, et tant pis pour les nombreux has-been qui refusent de se rendre à l'évidence !

Avec la pathétique Norma Desmond, Gloria Swanson tient probablement le rôle de sa vie, et elle incarne à merveille cette actrice aux regards hallucinés pour qui cinéma et réalité ne forment plus qu'un tout indissociable. Dur, dur d'être une superstar vieillissante...
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le 30 déc. 2011

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