Le thriller lesbien des Wachosky. Culte!

     Les frères Wachowski ont eut un coup de génie. Ils ont réalisés le polar féministe, le plus parfait qui soit. Féministe, gay friendly, thriller lesbien, et huis clos en passant. Tout ça avec peu de moyens à l’écran, comme quoi pas toujours besoin de la lune, pour faire du très bon. Polar, et je dirais même comédie dramatique, quand je vois toute la deuxième partie, d’une maîtrise déconcertante, comédie sous tension, qui devrait en inspirer d’autres cinéastes qui ne savent pas comment faire, ça le ferait avancer leur schmilblick.

    On entre soudain dans une pièce de théâtre de boulevard, dans un quartier de banlieue, alors qu’on pensait être dans un film de gangsters depuis le début ; et toute l’action se cantonne à l’appartement. Revirement de situations, coup de théâtre ? Surprise ? C’est la surprise qui prime. Car le scénario est tout simplement diabolique, il suffira de le copier à la lettre, en toute simplicité, effet bœuf garantie. Ils arrivent à en faire sortir tout le suc, pour nous manipuler, et nous emmener là où ils veulent, dans le ventre de ce couple lesbien, Gherson/Tilly. C’est chaud. La force du film est dans cette fuite en avant, causée par une rencontre entre deux femmes que tout semble opposer, qui tombent amoureuses, un plan qui  tourne mal, un accident, et tout s’emballe. Tout s’emboîte avec une bonne courroie de transmission, le désir. Un couple sensuel comme pas possible, et un érotisme soft et hyper stylisé. Résultat, c'est à la fois excitant pour les yeux, et le cerveau. L'amour, le sexe sublimé, puis la complicité entre deux femmes qui se battent avec leurs armes. La séduction, manipulatrices. Il y a tout pour faire une histoire qui finit mal...

   Un film très graphique, avec des plans très beaux, travaillés, (j’ai un faible pour le final avec la chute dans la peinture, très Jackson Pollock !) De la violence mais en retenue, du sang, mais aussi de l’humour, sans en avoir l’air, ça brasse beaucoup de choses, ça à l'air simple pourtant.

Un coup de maître. Un couple qui se forme, un autre se défait, et je n’aurais rien fait, si je ne citais le troisième élément, qui va transformer, et le film, et le couple, en triangle infernal, Moonsieur Jooooe Pantolinoo ! Énorme ! Sans lui, ce ne serait pas aussi culte. Parfaite raclure, caricature de mafieux, dangereux, meurtrier, trop sûr de lui, macho,  et victime de ces deux femmes qu’on viendrait presqu’à le plaindre, car c’est trop bon. Il faut toujours se méfier de l’eau qui dort, on ne te la jamais dit ça, Joe ? Ta petite femme, ta chose, ton objet de collection, la belle plante sur laquelle bave tes copains gangsters, elle est à voile et à vapeur, tu ne t’en doutais pas, hein ?

  Rien que pour le voir dire à Gina Gherson, quand il découvre le pot aux roses : « Qu’est-ce que t’as fait à ma Violette, salope ! » Et pour tout un tas de raisons que j’ai évoqué plus haut, c’est culte !