Est-ce vraiment un hasard si les super-héros ont communément initiales avec des doubles lettres, comme Peter Parker ou Bruce Banner, et qu'il en va de même pour William Wallace ? Bien sûr, c'est certainement une coïncidence, mais ça en jette, et ça me donne envie de croire que ce bonhomme était initialement voué à être un héros.
C'est ce que Mel Gibson, tant en réalisateur qu'acteur, montre bien dans ce film. Tel Bruce Wayne, William Wallace voit sa famille assassinée, et la perte des êtres chers finira par insuffler un désir de vengeance en réveillant son leadership enfoui. C'est alors la naissance d'une figure légendaire, porteuse des valeurs de l'honneur, du courage et du combat pour la liberté. Ce à quoi parvient Mel Gibson, c'est nous faire ressentir l'admiration et l'inspiration que suscitent un tel personnage. L'attachement se transforme alors en supplice devant l'insoutenable scène de torture...
Cependant, le film a beaucoup été pointé du doigt pour ses invraisemblances et incohérences, et à raison... Le droit de cuissage dont l'existence est incertaine, l'aventure avec Isabelle inexistante, ou même la relation entretenue avec Robert Bruce, ainsi que le kilt qui n'était pas encore inventé à cette époque... C'est sûr, ça fait mal, d'autant plus que la plupart de ces éléments sont importants, voire primordiaux dans le scénario.
Braveheart me fait alors poser la question : jusqu'où peut-on romancer un film ? Où se situe la limite ? A titre d'exemple, même si beaucoup d'éléments d'Amadeus sont fabulés, Miloš Forman a réussi le pari de nous faire ressentir tout le génie extraordinaire de Mozart. A contrario, dans le plus récent Tu ne tueras point du même Mel Gibson, si les évènements sont respectés, les exagérations de mise en scène entachent la véracité du propos et la beauté des valeurs.
Heureusement, à mes yeux, les incohérences de Braveheart, aussi préjudiciables soient-elles, sont palliées par la narration de Mel Gibson et le fait qu'il nous fasse vraiment ressentir la rage qui anime la figure de la liberté et le peuple écossais qui l'accompagne. La véracité historique est irrécupérable, mais le film comble nos connaissances lacunaires de la vie de Wallace en nous contant une épopée qui prend certes beaucoup de libertés, mais qui retranscris à merveille l'espoir de paix et la détermination nationaliste qu'a inspiré ce militant.
En plus, Braveheart est une très belle reconstitution, tant dans ses décors ou ses costumes, que ses scènes de bataille dynamiques qui, pour le coup, correspondent bien aux pratiques de l'époque. Mais pour ceux à qui ça ne conviendrait toujours pas... Je ne peux que recommander de voir la suite spirituelle Outlaw King, ou de s'essayer à Age of Empires II.