Il y a des films dont on ressort plutôt émoustillé.
Breaking The Waves n'est pas l'un de ces films.

Après Breaking The Waves, tu ne parles plus, tu ne bouges plus. Tu repenses à cette putain de claque que tu viens de te prendre. T'es pas émoustillé, t'es changé, ta vie a changé, ta vision du monde a changé. C'est aussi à ça que sert le cinéma : celui de Lars Von Trier, pour l'instant, rempli son contrat à merveille. Vous pouvez aussi aller voir ma critique de Melancholia, remplacer le titre du film et "salle de cinéma" par "chambre de mon frère".

Blanche-Neige et les autres n'ont qu'à bien se tenir, on assiste ici à l'une des plus belles histoires d'amour du monde. Enfin, non, elle est horrible, affreuse, on pleure, mais vous m'avez compris. "Trouver la beauté dans la tristesse absolue", disais-je pour Melancholia. Ici on assiste à l'amour le plus intense jamais vu. Quand on parle du grand amour après avoir vu ce film, on se pose beaucoup de questions, et c'est en ça que notre vision du monde est bouleversée. Est-ce qu'il vaut la peine d'être vécu ? Je ne veux pas spoiler en disant si ça finit bien ou si ça finit mal, mais quand vous voyez dans toutes les critiques que les gens ont pleuré, qu'ils se sont pris une claque, vous avez déjà compris que les personnages ne vivent pas happily ever after.

Alors oui, j'ai pleuré. J'ai même pleuré trois fois. La première fois de tristesse, parce que cette histoire est quand même bien dégueulasse et tu t'en prends plein la gueule. Moi ça me rend triste ce genre de chose. Et puis ça traite d'amour, l'amour qui rend fou peut-être, mais quand même l'amour, alors c'est triste. La deuxième fois j'ai pleuré parce que j'étais en colère, contre tous ces connards du village, du monde entier, vous êtes tous des connards qui ne savent pas ce qu'est l'amour et je vous déteste. Voilà. La troisième fois, de joie, et c'est là où j'ai pleuré le plus, parce que les 10 dernières secondes du film sont magnifiques. C'est en pleurant trois fois qu'on se rend compte qu'on s'est accroché aux personnages, mais vraiment, plus que dans n'importe quel film. Allez voir la critique d'Hypérion, je ne peux rien dire de plus, je partage complètement son avis, même si le film ne m'a peut-être pas autant touché que lui.

Le style de Lars Von Trier est toujours le même, soit on aime soit on vomit, parce que la caméra à l'épaule pendant 2h30, ça peut quand même vous faire vomir. Moi j'aime, on est véritablement pris dans cette histoire et la façon de filmer la rend intimiste. On est les seuls à vivre leur amour en même temps qu'eux, et c'est bien pour ça qu'on trouve que les gens sont des connards, parce qu'ils ne comprennent pas et nous si. Non, pardon, on ne peut pas comprendre ce qu'il leur arrive, seuls les amoureux le peuvent, mais on est tellement attaché à eux qu'on comprend leurs motivations et leurs buts.

Ayant vu le film cette après-midi, je suis toujours dans un état bizarre, "tout est fade" comme disent les autres. Je ne trouve rien à dire pour ma conclusion. Tout simplement : lancez-vous dans ce film seulement si vous êtes conscient de ses conséquences sur votre corps et votre esprit. Peut-être qu'un jour, quand je serai redevenu normal, j'éditerai la critique. En attendant, avoir les mains qui tremblent c'est drôle deux minutes mais pas une heure entière.
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