Connue principalement pour son chef d’œuvre La Leçon de Piano ou le sulfureux In the Cut, la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion a réalisé la plupart de ses films en adaptant des romans. Bright star déroge légèrement à la règle. Adapté de la vie du poète John Keats, le film retrace les trois dernières années de sa vie et sa relation naissante avec Fanny Brawne en s’inspirant de ses poèmes.
Autant le dire de suite, ce film fut pour moi une immense déception. Je suis pourtant un grand admirateur de la filmographie de Jane Campion, mais force est de constater que BRIGHT STAR m’a laissé de marbre, pire il m’a exaspéré. J’en avais eu des échos positifs, on me l’avait décrit comme une romance d’époque de très belle facture au niveau des classiques britanniques comme Orgueil et Préjugés ou Raison et Sentiments.
Le lyrisme romantique est ici bien présent mais il est tellement exacerbé qu’il fait perdre au film tout sa spontanéité et son naturel. Les dialogues sont maladroits, plats et participent peu à la construction psychologique des personnages. Mais là où le film de la néo-zélandaise pêche vraiment, c’est au niveau de son casting. Abbie Cornish (révélée dans Candy au côté du regretté Heath Ledger) ne possède pas la grâce d’une Keira Knightley ou d’une Kate Winslet, et son équivalent masculin, Ben Wishaw (plus connu pour être la voix du petit ours Paddington) ne colle pas du tout à l’image d’un jeune dandy britannique, il surjoue et donne l’impression de ne pas être à l’aise.
Jane Campion aurait pu sauver un peu l’affaire avec un scénario solide, mais l’histoire sombre vite dans la mièvrerie et la paresse. L’utilisation d’un tiers pour aborder l’œuvre est similaire au procédé employé par Milos Forman dans Amadeus. Là s’arrête la comparaison. Au lieu d’apporter une lumière nouvelle sur l’œuvre du poète britannique, la poésie de Keats n’est abordé que comme un outil permettant de séduire, en intellectualisant les émois des deux jeunes amoureux. Un échec sur toute la ligne, la déclamation des vers du poète se révèle creuse et ne communique aucune émotion. On est très loin de la passion qui imprégnait la Leçon de Piano ou de la sensibilité déployée dans Un Ange à ma Table.
Sur le plan esthétique, la réalisatrice fait admirer son sens de la composition d’une richesse visuelle incroyable. Les champs de fleurs sont d’une beauté sereine, et drapent le film des attributs romantiques que Jane Campion souhaite voir éclore. En plein communion avec la nature, Fanny n’apparaît jamais aussi épanouie et pleine d’espoir. La fin, malgré le destin tragique qu’elle réserve, laisse indifférente tant on éprouve peu de compassion pour les deux amants. Un film mineur de Jane Campion, clairement pas au niveau de ses sorties précédentes.