Le concept est simple, mais a le mérite d’être attrayant si l’on est adepte de super-héros ou de super-vilains. Pour ce qui est de l’horreur, on passe un peu à côté du sujet, avec une maladresse qui rend le film produit par James Gunn fade et sans audace. Il met donc son collègue David Yarovesky à la réalisation d’un ovni, partagé entre dépeindre la face cachée de la puberté ou bien régresser dans le gore, sans valeur ajoutée. Malheureusement, ni l’un ni l’autre ne sera traité avec efficacité, laissant traîner plus d’incohérences scénaristiques que de cadavre derrière le pseudo-superman machiavélique.


C’est un jeune Brandon (Jackson A. Dunn) troublé, qui se découvre des capacités surnaturelles, que l’on développe à travers un idéal du mal jamais justifié. Le dilemme des super-héros vis-à-vis de leur pouvoir, nous l’avons déjà exploré maintes fois dans les concepts les plus frontaux ou non, mais ici l’aspect horrifique de la chose sacrifie tout simplement l’évolution psychologique du personnage. Difficile de le voir joyeux et plein de vie, car il nous est présenté comme un introverti. Et même aux côtés de ses parents d’adoption, Tori (Elizabeth Banks) et Kyle (David Denman), il ne parvient pas, ou très peu, à s’épanouir. On évoque trop rapidement cette violence, sorte de métaphore d’une Amérique armée et qui banalise cette folie de façon grossière. Tout comme pour l’approche de la puberté, un discours maladroit, bien que malaisant, manque de convaincre un spectateur qui n’apprend rien de plus sur ce mécanisme.


L’œuvre manque de nuance, alors que des comics l’on bien fait avec plus d’enjeux. Difficile de ne pas penser à « Superman : Red Son », qui a été élevé sous l’étendard soviétique, la suite est à découvrir. Mais dans la ville de campagne qu’est Brightburn, l’angoisse fonctionne rarement. Peut-être aurait-il fallu articuler l’intrigue autour des parents, au lieu d’un adolescent n’a rien à raconter. Le mal qui s’éveille en lui n’a pas d’antagoniste pertinent et les drames de cette ville, ce sont bien évidemment les défauts de l’humanité, les sentiments négatifs et la solitude. Brandon n’a donc jamais vraiment quitté cette zone grise. Et ce n’est pas un dénouement, sensiblement prévisible, qui viendra réparer les maladresses et les paresses d’écriture. Pourtant, il y avait de quoi d’élever ce drame familial à un niveau plus réfléchi et moins extrême.


Finalement, « Brightburn : l’Enfant du Mal » est victime de son concept minimaliste, faute de budget et l’ambition. Le film se préserve et temporise jusqu’aux dernières secondes qui suscitent un plus grand intérêt, car la chasse aux secrets est devenue ennuyeuse et dépourvue de sens, si on laisse Brandon entouré de personnages naïfs. Toujours à l’état de chantier, on souhaite ouvrir de nouveaux horizons, à tort, car les bases ne sont pas solidement plantées. Nous ne faisons que supposer ou bien espérer que le film finira par dépasser ses caprices et atteindre un stade plus mature.

Cinememories
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le 28 oct. 2019

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