J'ai toujours voulu être un comédien, donc j'ai mis en scène ma vie telle que le monde l'a méritée !

Le coeur est fait d'or.
La volonté de fer.
Les muscles d'acier.
Le sourire d'airain.

Mais l'homme est fait de chair, une pâte bien molle que l'on peut modifier, malaxer, sculpter.

Bronson est un jeune plein d'avenir au regard un petit peu bovin mais ayant une légère inclinaison pour la colère subite et le coup de poing subi, il cherche déjà la bagarre tandis que sa mère ferme les yeux.

Bronson est un adulte, il se rase le crane, prépare des patates, vole dans la caisse du patron, épouse sa collègue mais surtout se fait pousser une moustache fournie et rutilante dont Poirot ne renierait pas le cousinage.

26.18£ de volé dans un bureau de poste, don de 7 ans de prison dans un tribunal : tout peut réellement commencer pour celui qui jusqu'alors s'appelait encore Michael Gordon Peterson. Il peut enfin commencer à rentrer dans la peau de son personnage, il peut enfin commencer à se construire, à se créer.

Bronson veut être célèbre, il veut quitter l'état apathique, Bronson veut briller, il veut sublimer son corps et monde, Bronson veut attirer les regards tandis que les os craquent.

À cause de tout cela Bronson est autant vrai que faux en tant que personne puisque c'est une construction en partie intellectualisée et en même temps très instinctive/bestiale, deux élans qui concourent au même résultat, celui de l'acteur qui n'est plus que son rôle.

Bronson est un artiste d'un genre spécial, aidé et magnifié par Refn qui a cette superbe idée de la scène et du monologue pour tenter de nous faire comprendre sa vision de cet homme mais aussi par l'interprétation jouissive de Tom Hardy. Le film aurait pu s'attarder sur beaucoup de personnages que côtoie Bronson, sur l'univers carcéral, sur la cellule, mais Refn en fait des accessoires, des décors, des outils pour uniquement nous faire penser au personnage principal. La cellule que Bronson ne voit pas comme une cage mais comme une chambre d'hôtel est plutôt sa loge d'acteur où il peut préparer sa prochaine apparition sur scène, l'endroit d'où il fera retentir les cris et les applaudissements de la foule.

Le spectateur est d'ailleurs confronté à son propre reflet en regardant Bronson qui lui-même contemple ce monde et les sièges remplis de son théâtre : le monde serait-il une farce que la meilleure façon de vivre serait de parodier en jouant nous même ? Jouons nous tous un rôle et devons nous tous nous incliner en voyant Bronson qui assume justement ce coté joué ? Le spectateur est finalement celui qui accepte d'écouter, de se laisser convaincre par Bronson qui en arrière plan nous sert de narrateur, on regrette cependant la faible durée du film et son manque de contenu parfois, son coté creux. La réalisation est parfois inventive, toujours bien amené, utilisation fréquente de ce classique coup de force de l'utilisation de la musique classique sur des scènes de combat pour exalter le coté surhomme et artistique, on bave.

Refn a voulu se limiter à l'essentiel pour éviter les longueurs et nous restons donc un peu sur notre fin, les portes se ferment sur le corps huileux, amoché, suant, blessé mais toujours debout dressé sur ses deux pieds : Bronson sait qu'une légende jamais ne plie.
Cmd
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le 12 juil. 2012

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Cmd

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