Sur l’affiche du film, il est écrit : « Le prisonnier le plus dangereux d’Angleterre ». On s’attend alors à voir un film particulièrement violent et réaliste sur l’univers carcéral. Il n’en est rien. « Bronson » est un film quasi expérimental.
A 17 ans, Charles Bronson, de son vrai nom Michael Peterson, a été condamné à 7 ans de prison. Prison dont il ne sortira plus jamais (ou presque) à cause de son comportement ultra-violent. Alors que de nombreux héros de cinéma sont prêts à tout pour sortir de prison, « Bronson », lui, tient absolument à y rester. A la sortie du film en 2009, il avait passé 34 années en prison dont 30 en isolement cellulaire. Il a fait de la détention son œuvre, son moyen d’expression : il a publié une dizaine de livres dont un recueil de poèmes, un manuel de musculation en cellule et un guide des meilleures prisons du Royaume-Uni.
Nicolas Winding Refn prend le parti de ne pas réaliser un n-ième biopic sur un criminel célèbre. Sans chercher à expliquer ou excuser le comportement de Bronson, il plonge au plus profond de la psychologie complexe de ce prisonnier ultra-violent et poète. Cette orientation artistique lui permet de ne pas vraiment raconter la vie de Bronson, mais de l’utiliser comme support, comme moyen de création. Le réalisateur insiste sur la dimension théâtrale de son film : les scènes où Bronson est sur scène, devant un public, relatant ce qui lui est arrivé, font de lui le principal spectateur de sa vie (on retiendra tout particulièrement la scène où, maquillé sur la moitié de son visage, il est en même temps lui-même et une assistance sociale).
Par ailleurs, le film évoque « Orange Mécanique ». D’une part par l’utilisation de musique d’opéra pour accompagner certaines scènes de rebellions de Bronson, et d’autre part par l’assemblement de couleurs effroyablement ringardes. Refn rend littéralement hommage à Kubrick dans la scène où Bronson sort (temporairement) de prison et rentre chez ses parents. On a alors l’impression de revoir Alex qui sort de la clinique et rentre, lui aussi, chez ses parents, avant de découvrir qu’ils l’ont remplacé.