Brooklyn Village, c’est l’histoire d’une amitié. Ou le récit des effets dévastateurs de l’argent. La description du phénomène de gentrification dans les métropoles mondiales. Ou peut-être tout cela à la fois.


Empruntons le synopsis de Télérama :


« Jake, un adolescent introverti, quitte Manhattan pour Brooklyn, dans une maison qui appartenait à son grand-père paternel, récemment décédé. Au rez-de-chaussée, Leonor, une couturière latino-américaine, tente tant bien que mal de faire marcher son affaire. Jake devient rapidement ami avec son fils Tony, exubérant et qui rêve de devenir acteur. Pendant ce temps, les adultes se battent pour des questions d'argent. Poussé par sa soeur Audrey, Brian, le père de Jake, comédien sans le sou, veut augmenter le loyer, conformément à l'évolution du marché de ce quartier en pleine gentrification. Leonor ne peut pas payer... »
Les sujets s’entrelacent, se superposent : l’homosexualité refoulée d’un adolescent, le choc des classes, la parentalité, l’art, les difficultés du mariage, la précarité, la gestion des personnes âgées dans nos sociétés, les non-dits…


Brooklyn Village, c’est une somme de potentialités. Un poème à écrire sur un être cher, des larmes dans un local poubelle, un ciel vert à l’aquarelle : des moments de poésie qui s’amorcent sans advenir. Le film avance, les arcs narratifs ne se déploient pas, le spectateur reste sur sa faim.


Le cinéaste assume son refus de l’omniscience, livrant une tranche de vie en privilégiant une esthétique de la suggestion. Les personnages restent hermétiques aux tentatives d’interprétation, ne livrent pas leur secret.


Stéphane Mallarmé disait qu’« un poème [est] comme un mystère dont le lecteur doit chercher la clef ». Ira Sachs propose un film dont le spectateur doit chercher la clef. Quitte à le laisser frustré et insatisfait.


(Anna K.)


Brooklyn Village : ce film qu'Elle m'a emmenée voir.


Je dois admettre que ce film ne m'inspirait guère : ni le synopsis, ni le casting, ni même le choix de l'affiche du film.


J'avais peur que ce soit un film inaccessible réservé à une petite élite de péteux (dont ma plus grande crainte est d'en faire partie), un film plein d'images fixes vides de sens avec un arc narratif complexe sinon déficient sur lequel je devrais m'extasier (moi et mon imagination d'enragée avons un vrai problème).


Pourtant loin de mes préjugés (car c'est bien moi qui en avait), ce film a été une révélation. Il m'a intrigué pour toutes les raisons qu'évoque Anna.K :


"Brooklyn Village, c’est une somme de potentialités.


Les sujets s’entrelacent, se superposent : l’homosexualité refoulée d’un adolescent, le choc des classes, la parentalité, l’art, les difficultés du mariage, la précarité, la gestion des personnes âgées dans nos sociétés, les non-dits…"
J'ai adoré avoir cette impression qu'il y avait beaucoup à dire, beaucoup de sujets à aborder. Et si le choix de ne creuser aucun de ces sujets et de nous laisser sur une fin ouverte s'est révélée finalement frustrante, c'est peut-être encore mieux : indignation, remise en question, recherche des sujets... Toutes ces choses qui m'ont finalement animées au sortir de cette séance.


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tendernight
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le 10 déc. 2017

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