Campbell, de jour.

Inoubliable, terrifiant, visuellement impeccable, je pourrais trouver encore plein d'autres termes du genre pour exprimer ce que ce film n'est pas. On ne peut pas dire que ce Bubba Ho-Tep soit très réussi malgré son pitch alléchant, mais dans tout les cas on ne pourra pas non plus dire que le scénario fait déjà-vu: qui aurait pensé faire se rencontrer un Elvis 'The King' Presley grabataire et une momie égyptienne millénaire dans une maison de retraite ? Vous n'en avez jamais rêvé, Coscarelli l'a fait (et l'explication du titre, bisseuse à souhait, vaut le détour).

La surprise, c'est que le Bubba Ho-Tep du titre n'est pas le centre du film, loin de là. Le point central, c'est Elvis. Ou son sosie. Un des deux, on ne sait pas trop, joué par un Bruce Campbell qui fait des merveilles. On suit sa vie hilarante par flashbacks avec une voix-off mélancolique à l'accent traînant du South états-unien qui rappelle le timbre si particulier de Johnny Cash dans ses "American recordings".
Bref, un vieillard paumé qui décide de se reprendre en main en combattant la menace qui décime les vieux des chambres alentour, aidé par son seul ami "valide", John Fitzgerald Kennedy. Ou un vieillard persuadé de l'être en tout cas, et qui aurait été fait passer pour mort puis teint en noir par ses ennemis désireux de l'écarter du gouvernement. On sait pas trop.

Les passages horrifiques sont vraiment cheap, le scarabée ressemble à une souris sans fil avec des pattes et la momie on dirait qu'ils venaient juste de la sortir de chez Jouéclub, mais l'ambiance et la mise en scène toute en lenteur sont plutôt réussies. Les décors sont tout simples, avec un éclairage orange/marron qui transfigure le modeste pavillon de retraite en une maison de plantation du fin fond de la Louisiane éclairée à la bougie, et ça passe là aussi plutôt bien.
C'est dans les passages qui se veulent burlesques que ça tombe à plat en fait. C'est quoi ce bruitage de klaxon sorti de la poche de Benny Hill lorsqu'un brancardier se mange une rambarde ? Y'a des gags de déambulateurs qui font sourire, mais ça... et le jeu sur les punchlines devient aussi franchement lassant, l'échange de menaces avec la momie est ridicule.
En plus y'a cette atmosphère mélancolique sur la vieillesse, le temps perdu (plutôt réussie) qui vient se greffer par dessus et qui contraste à mort avec ces gags foireux, c'est dommage.

Film bancal donc, qui se révèle finalement très attachant (la scène finale y étant pour beaucoup). Sympa, mais loin d'être inoubliable, dans tout les cas ça à le mérite d'être original... et on y apprends qu'un déambulateur et un pot de chambre peuvent être très utiles pour beaucoup plus que leur fonction première, et que Kennedy et Marilyn... non ça c'est top secret.