Nouvel électrochoc de la jeunesse américaine et quel électrochoc ! Une mise à nu frontale de ces jeunes abandonnés à leur sort quelque part entre des pilules magiques, des jeux vidéo et du plaisir sexuel, des jeunes tout ce qu’il y a d’ordinaire qui se mettent en tête de se débarrasser de Bobby, le seul à avoir un avenir prometteur qui méprise tout le monde par-dessus bord dont Marty qu’il traite comme un chien et ce, depuis l’enfance.
Les repères qui sous-tendent un reste d’humanité s’effacent à mesure que ce plan digne d'une revanche fait surface avec le concours des personnages dans ce bouleversement.
On se demande comment ils ont pu, on s’interroge sur leur condition de presque laissés pour compte, sans job, sans instruction particulière, un vrai gouffre que fait comprendre la condescendance exagérée de Bobby en représentant vexant de la lutte des classes version désœuvrée. Larry Clarke sait comment peindre les jeunes et n’y va pas de main morte dans ce rendu réaliste. Il emboite la pratique documentaire à la fiction en sondant leurs cœurs pour en dénicher leurs plus dangereux démons mais sait être aussi à leur écoute sans porter un jugement quelconque lequel nous est laissé à disposition du début jusqu’aux derniers plans glaçants situés au tribunal où tous les yeux de leurs familles sont tournés vers eux sur la bande-son de Fatboy Slim « Song a shelter ».
Brad Renfro qui s’est suicidé en 2009 porte vraiment une adolescence désenchantée sur ses épaules entre un futur condamné, une soumission démesurée et une action engagée, suivi par ses partenaires (Nick Stahl horrible de cruauté, Rachel Miner qui s’affirme par son acte, Michael Pitt totalement déjanté, Bijou Phillips, splendide dans sa vanité) plus vrais que nature dans une réalité qui n’a rien d’un vulgaire teen-movie.
Une œuvre remarquable où la frontière du bien et du mal est abolie au même titre que la période de l’adolescence plongée brutalement dans l’ère des grands.
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