Je vois bien ce que Woody Allen a voulu faire dans Café society : donner à voir les hasards de la vie, tout en peignant une époque, et en ressassant quelques-unes de ses obsessions.


Le première partie du projet est la plus réussie. Allen parvient à transformer une trame de marivaudage classique en une histoire plus banale, qui présente la particularité de ne désigner aucun de ses personnages en trompeur ou trompé. Une femme qui hésite, deux hommes dont un qui hésite aussi : tout le monde est honnête. Cette façon de construire le film est assez originale et touchante, même si dans sa deuxième partie je trouve qu'Allen échoue en partie à nous faire ressentir le poids du temps qui passe.


Jesse Eisenberg, qui n'est pas un acteur que j'apprécie particulièrement, est ici très bon. Je ne dirais pas la même chose de Kristen Stewart, qui traîne sa dégaine de garçon manqué (dos vouté et rictus du coin des lèvres) avec un manque de nuance assez notable. Steve Carell est méconnaissable et Blake Lively convaincante dans une sorte de normalité en totale opposition avec son physique.


Tout ce qui entoure cette belle histoire d'aiguillage de vie est un peu fade, et trop souvent vu chez Allen : humour juif de base, amour du monde du cinéma, perfection des reconstitutions d'époque. La photographie est toujours trop jaune à mon goût, même si le directeur de la photographie a changé (Vittorio Storario a remplacé Darius Khondji, qui collaborait avec Woody Allen depuis Minuit à Paris).


Dans la litanie un peu monotone qu'est devenue la filmographie de Woody Allen, oscillant désormais entre moyen plus et moyen moins, Café society est donc un cru typique : on ne s'y ennuie pas vraiment, mais l'émotion n'est pas au rendez-vous.

Christoblog
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le 29 mai 2016

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